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Las Vegas

J'ai eu la chance de pouvoir faire un voyage aux USA.
Il comportait quelques moments forts.
Voici quelques photographies d'une sortie nocturne à Las Vagas

Las Vegas

 

Pour voir le reste des photos  cliquez ICI

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La cuisine : pourquoi ?

Pourquoi la cuisine ?

J’ai toujours été un fou de cuisine.
Qui sait, c’est peut-être la faute de ma mère qui dès l’âge de 5 ans m’a enseigné les premiers rudiments de la pâtisserie.

Mais voilà, j’ai trop bien réussi dans mes études et les professeurs m’ont poussé à continuer.
J’avais 18 ans quand mon père est mort dans mes bras.

Adieu les études. Je suis entré dans une école normale pour devenir instituteur.
J’ai exercé ce métier avec passion. On m’a même détaché auprès de la Ligue Française de l’Enseignement.

J’avais tout juste une bonne trentaine d’années quand la vie m’a joué un de ces tours dont elle a le secret.
 

Alors, j’ai repris des études pour réaliser mon rêve : la cuisine.
J’ai passé tous les examens pour devenir finalement professeur de cuisine.

Existe-t-il un bonheur plus grand que de transmettre une passion ? 
Nourrir, soigner, éduquer, j’étais en accord avec moi même.

Ma vie professionnelle s’est arrêtée lorsque j’ai été agressé par un chien.
J’ai perdu en grande partie l’usage de ma jambe droite.

Mais le cœur est resté bon.
L’esprit aussi, c’est pourquoi je continue  à transmettre
Seule la technique a changé.

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L’histoire de la banane.

 * les mots en italique sont en langue alsacienne immédiatement traduite.

 

d’Banana :
Le coup de la banane

 

Je vous mets au défi.
Je vous parie un bock de bière à l’Auberge du Cheval Blanc que si vous demandez  à n’importe quel habitant du village où habite Monsieur Archibald Ringelbach , on vous laissera sans réponse.

Je suis sûr de mon coup, car personne ne sait qu’Archibald Ringelbach est tout simplement le nom du curé.

« D’r Pfarrer » le curé, ça pour sûr, tout le monde le connaît
Et surtout n’allez pas chercher midi à quatorze heures, quand les gens disent « d’r Pfarrer », il n’y a pas la moindre arrière pensée anticléricale, ni même un soupçon d’idée péjorative.

C’est que dans nos patelins alsaciens, les « Pfarrer » constituent «  a Begref » traduisez pour une notion, une  entité.
Pour ne pas employer de grands mots, nous dirons qu’ils font partie des meubles, comme la fontaine au milieu du village, le lampadaire devant la mairie et l’école communale, sans oublier bien sûr le terrain de football et « s’Bangala » c’est-à-dire le foyer paroissial.

Un village sans curé, ça n’existe pas. Un point c’est tout.
Alors quand on utilise le mot « Pfarrer » chacun sait exactement de qui l’on parle.

Mais Archibald Ringelbach……

Au fait, vous me devez un bock, et pendant que nous allons le déguster à l’Auberge du Cheval Blanc, je vais vous raconter une petite histoire.

Notre curé est un personnage haut en couleur ce qui fait dire à quelques mauvaises langues, que nous avons nous aussi notre Don Camillo, avant l’heure bien sûr.

Notre curé est effectivement un genre de colosse qui fait peur aux enfants et qui effarouche les vieilles femmes, quand il prêche d’une voix tonitruante le dimanche.

Pourtant notre curé essaie d’être sympathique avec tout le monde.
Tenez, au printemps, il avait fait le tour des cerisiers du village en goûtant avec soin, c’est-à-dire abondamment, tous les fruits.
Il avait ensuite dit à chaque paysan que ses cerises étaient les meilleures du tout le village, si bien qu’il avait réussi à faire l’unanimité contre lui.

Mais les habitants ne sont pas rancuniers ; ils ont simplement déclaré que vu que les cerises étaient passées dans l’estomac du curé, il y en aurait forcément moins dans les tonneaux pour la préparation du Kirsch, le tout avec un petit sourire en coin, car il était de notoriété publique que le « Pfarrer » ne crachait pas sur un petit verre d’alcool.

Notre curé était d’ailleurs un homme fort instruit et riche d’expérience, car à la sortie du séminaire, il était parti comme Père Blanc, c’est-à-dire missionnaire dans les « colonies.»

Il en a rapporté un petit accent que nous qualifierons de charmant, plein d’histoires qu’il ne se lassait pas de raconter sans même se faire prier, et quelques rhumatismes tenaces dont il parlait en disant : « que c’était son baromètre à lui ».

Toujours est-il, qu’ayant voyagé, notre « Pfarrer » n’était pas « hinter d’m Mond «   – pas derrière la lune – expression qui désigne qu’il en savait long sur les choses de la vie.

Mais toutes ces années passées lui avaient aussi enseigné une solide philosophie de vie qui lui faisait dire qu’il faut être content de ce que l’on a et que la modernité ce n’était plus de son âge.

Notre curé vivait une petite vie bien rangée.
Chaque chose à sa place, les horaires fixes au point de devenir immuables et il était presque recommandé de mourir sur rendez-vous.

Et voilà, qu’un beau jour l’Evêque décide d’envoyer un jeune prêtre à la santé fragile, en une espèce de convalescence à la campagne.
« Vous verrez » avait dit Monseigneur « vous verrez qu’il est grand temps de faire bouger les choses. Votre séjour peut  donc certes être considéré comme une prescription médicale, mais il est aussi une mission que je vous confie.
Faudrait essayer d’introduire un peu de modernité dans cette paroisse."

Le jeune prêtre au tein blafard avait donc sonné à la porte du presbytère, et « s’Marie » la bonne du curé  s’était empressée de le faire entrer.

Faut vous dire que face au colosse, maître des lieux, le petit abbé ne faisait pas le poids. En termes de boxe, on pourrait dire qu’il y avait erreur de catégorie.

Nous passerons donc sous un silence pudique les petites remarques, les petites discussions qui opposèrent les deux personnages. L’église doit savoir garder ses secrets, comme pendant le conclave lors de l’élection du pape.

Toujours est-il, que les trois semaines du séjour de petit abbé ressemblèrent très vite aux journées de chaleur torride d’un mois d’août. Disons que ce furent tout d’abord de petits nuages çà et là, puis les petits nuages se transformèrent en beaux cumulus, vous savez, ces gros nuages en forme de choux-fleurs, et comme pour l’orage, on se disait tout bas « s kracht bold » ça va péter bientôt »

En fait d’orage, les choses gardèrent une sérénité de convenance.
Mais Archibald Ringelbach avait médité sa vengeance.

 

Le dernier jour du séjour tombait justement sur un dimanche et le curé avait donné ordre à la Marie de préparer un repas sortant de l’ordinaire. Il avait aussi murmuré quelque chose à l’oreille de la servante et elle avait cligné des yeux, signe de complicité.

 

Donc la grand-messe terminée, le « Pfarrer » offrit l’apéritif à son invité.
Faut vous dire que chez nous en Alsace, l’apéritif ne dure jamais très longtemps.
Il est des pays où l’apéritif constitue l’essentiel du repas et quand on se dit que l’on va enfin passer à table, et bien non, il est l’heure de rentrer chez soi, le ventre vide.

En Alsace, l’apéritif, je parle de l’apéritif à l’ancienne, c’est un amer-bière, une Suze citron, un perroquet parfois.
On boit et on passe rapidement aux choses sérieuses.

La Marie avait bien fait les choses.
Une entrée, un plat de résistance copieux (normal, n’oubliez pas que nous sommes en Alsace) pas de fromage (c’est bon pour les Français de l’intérieur) et puis on passa au dessert.

Visiblement, c’était le moment qu’attendait impatiemment Archibald.
La Marie apporta un plat avec deux bananes.

A l’époque, les bananes n’étaient pas encore démocratisées.
Seuls ceux qui « avaient fait les colonies » connaissaient ce fruit de forme bizarre.

Le « Pfarrer » tendit le plat au jeune vicaire.
Servez-vous, et manger ; mais ne traînez pas, il ne faut pas que ce fruit prenne la chaleur.

Le jeune abbé était bien ennuyé. Pensez donc, c’était la première banane de sa vie.
Il regardait le fruit comme un chat qui tourne autour d’une souris (expression alsacienne savoureuse en dialecte mais intraduisible)

Mangez cher ami, c’est un fruit de dernière modernité, pensez donc vous avez l’honneur de déguster une chose que la plupart des paroissiens n’ont même jamais vue.
Moi, reprit le curé, je vais garder la mienne pour le repas de ce soir.

 

Alors voulant rester digne, le jeune vicaire prit son couteau et sa fourchette. Il découpa la banane en rondelles d’égale épaisseur. Puis, sous l’œil sévère du curé, il porta la première rondelle à sa bouche.

Ce n’est pas que le goût était franchement désagréable, mais la texture lui posa des problèmes Surtout la peau qu’il eut beaucoup de mal à digérer. Mais le curé l’avait prévenu : c’est dans la peau des fruits qu’il y a le maximum de vitamines.

L’affaire fut laborieuse pour l’un, franchement hilarante pour l’autre.

Quand le pauvre bougre avala sa dernière bouchée, le « Pfarrer » se fit rapporter sa banane et la mangea dans les règles de l’art en l'épluchant bien sûr.

Et l’on termina par le fameux « Ya Ya » dont je vous ai déjà parlé ;

 

« Ya ! Ya ! s’Moderna Làwà ! »

Oui Oui, la vie Moderne !

 

« awer alles zu sinner Zitt »

Oui, mais tout en son temps.

 

 

 

 

 

 

 

 

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Les histoires de mon patelin.

Je reçois de nombreux commentaires et je vous en remercie.
Ecrire c'est bien, mais sans lecteur cela ne sert à rien.
Sans vous, à quoi servirait que je raconte des histoires, s'il n'y a personne pour les partager.

Il y a également ceux qui trouvent que les "post" sont un peu trop courts. En voici un plus long.

Introduction :

 

Dans la Vie, il y a très peu de choses certaines, et quand, par hasard, vous en trouvez, elles ont presque toujours un côté définitif.

Les choses probables sont plus courantes.
Finalement, ce sont les choses inattendues,  les surprises, qui  sont les plus nombreuses.
Surprises : bonnes ou mauvaises, bien entendu.
Vivre dans des certitudes est certes sécurisant, mais n’est-ce pas aussi lassant ?
Il me semble que vivre avec une part d’inconnu reste peut-être la seule solution, si on ne veut pas s’embourber et devenir prisonniers des ornières des habitudes.

 

Si on m’avait dit, un jour, que je quitterais mon Alsace natale, je ne vous aurais certainement ri au nez. Moi, qui ai des racines si solides, si bien implantées. Quitter mon pays : vous n’y pensez pas !

 

Et pourtant, il a bien fallu faire face, retomber sur ses pieds comme on dit. J’ai déménagé pour allez m’installer quelques 1000 km plus haut vers le Nord.

Maintenant, je sais ce que c’est le mal du pays !
J’ai appris que la vie est faite de toutes petites choses parfois insignifiantes.

Tenez acheter du vinaigre ! En voilà une chose des plus banales.
Du vinaigre, on en trouve partout.
C’est vous qui le dites.
Moi, depuis ma prime enfance, j’ai été élevé avec du vinaigre léger, aromatisé au miel et aux herbes.
Essayer voir d’en trouver…

Le mal du pays, c’est aussi de savoir qu’il suffit de prendre la voiture pour aller faire un tour en montagne.

Et bien, non. Les montagnes sont dorénavant inaccessibles. Il faut rouler plusieurs heures pour les voir.

 

Le mal du pays oui. Et il fait vient vous faire souffrir, jour et nuit. Il vous guette au passage et vous tombe sur le dos sans vous prévenir.

Alors que faire ?

Quand un monde devient inaccessible, physiquement, alors la solution consiste à le recréer à l’intérieur de soi. C’est ce que j’ai fait.


Un soir de grande déprime, je me suis assis devant mon papier.
J’ai commencé par construire un village. Non ce n’était pas mon village, mais celui que j’avais dans mon cœur.
Dans ce village, j’ai mis des habitants, ceux qui m’avaient laissé des souvenirs.

Je jouais aux marionnettes. Je leur faisais vivre des histoires mais voilà qu’un jour, arrivés au croisement, j’ai voulu les faire tourner à droite.
Ils ne m’ont pas obéi. Ils ont tourné à gauche. Ils se sont mis à vivre leur propre vie.
A partir de ce jour-là, ce n’est plus moi qui écrivait mon livre, mais je continuais à m’asseoir chaque jour, devant ma page blanche.
Je continuais à rêver.
Et, quand je me réveillais, je découvrais les histoires que l’autre moi-même avait écrites.

 

Je vous offre donc une histoire tirée du livre «  les histoires de mon patelin ».
ecevez-la comme une main tendue, un gage d’amitié aussi.

Pour lire l'histoire cliquez ICI

 

Merci

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Justice : la punition de Crésus.

La justice n’est pas de ce monde.

Pourquoi les uns naîtraient-ils dans des familles riches, les autres dans des familles qui trouvent tout juste, le moyen de subsister ?
Non : décidément, les choses semblent mal faites.
Ou alors, quand on y réfléchit bien, il n’y a peut-être qu’une seule justice : celle qui veut que chaque être, pauvre ou riche, soit obligé de mourir un jour.
Mais encore…

Un jour, disparut le grand Crésus.
Son nom, à lui seul, est devenu le symbole même de la richesse, dans ce qu’elle a de plus excessif.
Quand Crésus se présenta devant la porte du paradis, il n’était pas en paix avec sa conscience.
Le paradis, se disait-il, accueille les gens qui ont mené une vie exemplaire, une vie faite souvent de privations et de souffrances.
Moi, je n’ai aucune chance.
Quand il sonna, une belle secrétaire blonde lui ouvrit le portail et lui demanda de patienter quelques instants, dans la salle d’attente.
Quand arriva son tour, Crésus se présenta devant le grand Saint Pierre.
Il était assis derrière un énorme bureau, feuilletant négligemment son gros livre de compte.

“Monsieur Crésus, si je ne me trompe ?
Prenez place : nous allons examiner votre cas.“
Vous dire que Crésus était à l’aise serait loin de la vérité.
Il était assis, recroquevillé sur son siège, essayant de se faire tout petit.
Saint Pierre tourna les pages de son livre.

“ Ah ! je vois que vous ne vous refusiez rien !
Je vois des palais, des bijoux à profusion.“
A ces mots, Crésus se tassa encore un peu plus sur son siège.

“ Ah ! je vois aussi des fêtes grandioses, des repas avec des mets les plus raffinés.”
Sur son fauteuil, Crésus se faisait de plus en plus petit.
Ah ! S’il avait pu se cacher, disparaître.

“ Mais dites-moi, et Saint Pierre levait un doigt accusateur, je vois des chevaux de courses, des femmes les unes plus belles que les autres.

 Alors, ne pouvant en supporter d’avantage, Crésus du fond du coeur lança cette phrase :
“ Saint Pierre, rien ne sert de regretter, j’ai fauté, je le concède. J’ai vécu dans le luxe ; mais qu’on en finisse, condamnez-moi à l’enfer “

– Qui parle d’enfer ? répliqua le grand Saint Pierre. –
Vous irez au paradis.” Mais, ajouta-t-il d’un air moqueur :
 

​« Vous risquez d’être déçu.
Ce sera votre punition."

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Les piments de mon jardin

Cette année, je me suis promis de tester la culture des piments.
Il existe toute une gamme allant des piments peu forts, jusqu'à des piments qui sont de véritables bombes.
Je me suis appliqué à semer des piments que très peu forts.
J'ai donc commandé des graines et je les ai semées dans des jardinières posées sur le bord des fenêtres dès le mois de mars.
J'ai découvert que la culture des piments est très facile et que les piments ne sont pas sensibles aux maladies qui touchent les tomates.
Comme toutes les plantes, les piments ont pris du retard à cause du printemps maussade. Maintenant je commence à récolter.
Tous les piments ne viennent pas en même temps.
Voici ma récolte du 31 août.

Piment

Je vais essayer d'identifier tous les piments.

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ELISE FALCONI

Elise Falconi, née Fontaine, a vu le jour le 23 février 1926 à la clinique du Hasenrain. Elise est donc une mulhousienne pure souche.
Elle évoque son enfance, avec beaucoup d’humour.

J’aurais toujours aimé avoir un petit frère. Alors maman m’a dit qu’en Alsace, ce sont les cigognes qui apportent les bébés et que pour attirer les cigognes, il suffisait de mettre un sucre sur le rebord de la fenêtre.
Alors chaque soir, je mettais un sucre, mais pas de petit frère.
Un jour, j’ai mis tout le paquet de sucre sur le rebord de la fenêtre. J’ai réussi à attraper une bonne fessée, mais toujours pas de petit frère.

Autre souvenir :

Elise habitait à  ce moment-là  Morschwiller le bas;

La plupart des enfants ont un chien ou un chat et bien un jour mon papa  est rentré à la maison avec une chèvre. Cette chèvre n’avait pas bon caractère, mais elle m’a adoptée au point de me suivre sur le chemin de l’école et Elise ajoutait avec un clin d’œil,

Je ne pouvais même pas jouer à cache-cache comme les autres enfants car ma chèvre me suivait et dénonçait ma présence.

Quand la guerre fut déclarée, Elise a été réquisitionnée pour le STO : le Service de Travail Obligatoire. Elle arriva donc dans une famille de Hügelheim juste de l’autre côté du Rhin.. Cette famille avait une fille du même âge et les deux jeunes filles sympathisèrent. La guerre n’est pas l’affaire des gens simples.

Quand la guerre fut terminée, l’amitié entre les deux filles persista. Et elles ne se perdirent jamais de vue. Régulièrement, Elise allait donner un coup de main pour les travaux des champs, les vendanges aussi et cette fidélité continua pendant de longues années.

Après la guerre, Elise rencontra Marcel Falconi, un italien, enfant chétif d’une famille nombreuse.

Les deux jeunes gens se marièrent et s’installèrent à Beaulieu dans le département du Doubs. Marcel était un grand amateur de cyclotourisme ce qui conduisit le couple a travailler chez Peugeot Cycles où l’on préparait entre autres, les bicyclettes des coureurs du Tour de France.

Elise évoque cette période d’une façon humoristique :

Quand je me suis marié, Monsieur le Maire m’a dit que je devais suivre mon mari. Alors j’ai acheté une bicyclette mais en fait de le suivre, il n’en était pas question. Il était léger comme une plume et arrivait au sommet bien plus facilement que moi. Mais dans la descente, c’est moi qui étais devant et Marcel se moquait en  disant «  un de ces jours, la grosse va tomber »

Une bien belle image que ce couple à bicyclette.

Peut-on mieux évoquer les hauts et les bas de la vie d’un couple ?
La vie ne ressemble-t-elle pas étrangement  à une course dans laquelle c’est l’un ou l’autre qui prend alternativement la tête, attentif à ce que l’autre puisse le suivre ?

Elise et Marcel n’eurent jamais d’enfants et pourtant leur maison bourdonnait comme une ruche car Marcel animait une section de cyclotourisme qui regroupait de nombreux jeunes et c’est en groupe  qu’ils partaient en vacances sur les traces de leurs idoles : les coureurs du tour de France.

Elise et Marcel ont suivi les grands itinéraires classiques, ils ont gravi les cols mythiques. C’est ainsi qu’Elise fit plus de 15 fois le tour de France,  et, quand Marcel fut rattrapé par la maladie, quand Marcel disparut, Elise continua la pratique du vélo.

C’est en collant de cycliste ajusté qu’elle participa, à presque 70 ans, à la semaine fédérale du cyclotourisme qui s’est déroulée en Alsace en 1992. Mais son grand plaisir c’était d’évoquer ses randonnées à bicyclette en France et celles qui l’ont menée jusqu’aux Pays Bas, le tout dans un indescriptible mélange entre l’accent alsacien et celui de Franche Conté.

Heureux celui qui eu la chance d’être à ses côtés pendant qu’elle suivait à la télévision une étape du Tour de France qu’elle ne ratait jamais. Alors, elle redevenait la jeune femme, elle commentait chaque virage, elle connaissait chaque itinéraire. Il fallait la voir quand  elle se fâchait contre les sprinters qui viennent rafler la victoire d’étape à celui qui avait trimé en tête toute la journée.

Quand j’ai fait la connaissance d’Elise, elle venait de prendre sa retraite. Ella avait quitté Beaulieu pour revenir s’occuper de sa maman à Mulhouse. Elise a travaillé pour l’APA dans la distribution des repas à domicile.

La retraite, c’est un nouveau chapitre dans le grand livre de la vie.

La retraite tant attendue, c’est le temps retrouvé, c’est l’occasion de pouvoir enfin penser à soi, l’occasion aussi de pouvoir réaliser tout ce que l’on a repoussé pour plus tard.

Elise a eu une retraite active. Elle  avait fait la connaissance de Jeanne lors d’un voyage en Autriche. Chacune avait un caractère bien trempé et c’est peut-être à cause de cela, à cause de ce respect réciproque, qu’elles s’entendirent.

C’est ainsi que l’on retrouve les deux dames dans un orchestre de cithares, dans un club de bricolage, à la piscine ou dans une salle de gymnastique. Le tout bénévolement est-il bien besoin de le préciser ?

Je me souviens du jour où les citharistes sont allées donner un concert à Luppach. Le concert était entrecoupé de petites scénettes et ce sont encore Elise et Jeanne qui éclaboussèrent la salle avec leur bonne humeur.

Jeanne a été victime d’un accident en 2005. Elle nous a quittés  en 2007. Mais il y avait bien longtemps qu’Elise avait été adoptée par la famille de Jeanne qui continua à entretenir des relations d‘amitié.

 

Le temps ne s’arrête jamais, pas même un seul instant.
Quand on est jeune, quand on a de bonnes jambes, on peut avoir l’illusion de courir plus vite que lui et de lui échapper. Mais ce n’est qu’une simple illusion.
Bientôt ce furent les cheveux blancs, les jambes de plus en plus lourdes et chancelantes, le dos chaque jour un peu plus vouté, le cœur qui s’emballe parfois et les rhumatismes qui viennent vous tirer de votre sommeil.
Ce furent les petits bobos qui prirent de plus en plus d’importance jusqu’à devenir de plus en plus insupportables. Puis Elise fut victime d’un accident
Pourtant Elise est restée fidèle à elle même. Elise a gardé son humour et surtout sa fierté.

Je dois marcher, alors je vais faire mes courses au Canal Couvert.
 Je me prépare à manger tous les jours et aussi longtemps que l’appétit va, tout va.

Et puis un soir, Elise s’est endormie.
Le lendemain, elle a oublié de se réveiller.

Elle est morte en pleine vie.
Qui sait, le passage de la vie à la mort lui a peut-être épargné d’autres souffrances

 

Je ne sais pas si les gens ont une âme.
Personne n’est encore revenu pour me le dire.
L’âme n’est peut-être qu’une simple question de croyance qui sait ?

Mais je voudrais vous donner une image.

Quand nous étions gosses et qu’il venait de neiger, les enfants se pressaient devant la grille de l’école. On se battait pour être le premier à laisser l’empreinte de ses pas dans la neige immaculée.

Oui, ce peut-être là, l’image d’une âme :
Une empreinte qu'on laisse dans le cœur des gens.

Qui oserait prétendre marcher sur la neige sans laisser de traces ?
Qui oserait prétendre traverser la Vie sans laisser de traces dans le cœur des gens ?

Une empreinte plus ou moins profonde selon notre caractère, selon nos engagements selon notre conception de l’Autre, la place que nous lui accordons.

Elise laisse derrière elle des empreintes qui finiront bien sûr pas disparaître un jour,

Mais c’est à nous toutes et tous, qu’il convient de ne pas les oublier trop vite.

 

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ELISE.

Comment ! Vous ne connaissez pas Élise !
Ce n’est pas possible.
Alors, prenez vite un siège. Asseyez-vous à côté de moi. Fermez les yeux pour voir mieux les images que je vais évoquer.

Avec ses presque soixante dix ans, Élise pourrait être grande mère si elle avait eu des enfants. Elle avait tout pour être mère, à commencer par un cœur gros comme ça, un cœur qui aurait su aimer, comprendre. Un cœur pour dessiner les sourires et calmer les chagrins.

Mais la nature en décida autrement. Élise fut une épouse fidèle et, à chaque rencontre, elle me parle de son cher Marcel. Ils ont vécu l’un à côté de l’autre, l’un avec l’autre, la main dans la main, le cœur dans le codeur.

Et maintenant que Marcel est parti, Élise reste seule avec ses souvenirs. Des souvenirs, elle en a beaucoup et ne se lasse pas de les raconter. Cela fait dix fois qu’elle relate la même scène et moi, je ne me lasse pas d’écouter.

Élise a toujours travaillé, à l’usine comme à la maison. Et quand la maison devient soudain trop grande Élise,  s’est installée dans un appartement.

Elle vit d’une petite rente. Oh ! juste assez pour être obligée de compter. Ses bonheurs sont simples et quand elle vous offre un cadeau, c’est tout son cœur qu’elle a mis dans le petit paquet.

 

Comment donc, vous ne connaissez toujours pas Élise ?

Ouvrez vos yeux bien grands et regardez autour de vous.
Cette petite femme qui va au marché avec son panier : c’est Élise.
Cette autre qui lance des miettes aux pigeons : c’est Élise aussi.
Cette fée qui range nuitamment votre bureau : encore une Élise.

Alors, quand les Élise se rencontrent, elles parlent de leur vie, elles surveillent les prix et dans le journal, elles lisent en premier la page qui annonce les « Élise » qui se sont envolées.

Elles avancent à petits pas, sur la pointe des pieds donnant l’impression de s’excuser ; “ je ne fais que passer, excusez-moi de vous déranger.”

 

Le Gouvernement a décidé de faire des économies.
Il y va de la santé financière de tout le pays.

Un ministre décide.
Un fonctionnaire rédige.

Un cachet tombe sur un papier.
Cette année, les retraites ne seront pas augmentées.

C’est Élise que l’on vient de tuer.

 

Elise-Falconi

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Le voyage du SOLEIL

Quand je regarde par la fenêtre de mon salon, ma vue porte à plusieurs kilomètres.
Du haut de mon observatoire, je vois arriver les orages de loin.
Un rêve pour le photographe.
Je suis également le témoin des couchers de soleil. Chaque jour, le soleil progresse sur l'horizon.
A partir du mois de mai, il passe derrière la Tour et je dois attendre le  18 août, pour le voir réapparaître.

 

Chaque fois que la météo le permet, je photographie le coucher du soleil et je note l'endroit où il s'est couché.
Voici une image sur laquelle j'ai mis tous mes soleils, avec les dates et l'endroit précis où ils se couchent.

Cliquez pour agrandir

Voyage-du-soleil-bl

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La cible du 3° âge

La cible du troisième âge.


Dans le quartier, si vous demandez où habite M. F …, on vous laissera sans réponse.
Dites que vous cherchez Louis et l’on vous indiquera, selon l’heure, le petit bistrot du coin, la halle aux poissons ou les docks.

C’est ça le monde de Louis.
Cinquante ans entre les docks et la halle aux poissons avec une halte quotidienne au petit bistrot.
Cinquante ans de tra­vail et puis, un jour, les grandes vacances pour toujours.
Maintenant, la fatigue oubliée, il ne reste plus que le bon vieux temps que l’on évoque avec les copains autour d’une pinte de bière.
Alors on parle des tours que l’on jouait aux douaniers, du charbon que l’on cachait au fond de ses poches et toutes les combines qui permettaient d’a­méliorer l’ordinaire.
Le filtre du temps a fait son oeuvre.

 
L’autre jour, Louis est arrivé, l’air important. Il a tiré de la poche inté­rieure de sa veste, vous savez, la poche sur le coeur, une lettre.
Avec une mine de circonstance, il l’a montrée à ses amis.

 La lettre portait le cachet d’une grande banque. Elle disait : “ Cher M. F…, nous avons entrepris la création d’un fichier informatique de notre clientèle. Il nous est apparu que vous comptez parmi nos clients les plus fi­dèles. C’est pourquoi nous avons l’honneur de vous inviter à une soirée au cours de laquelle un conseiller financier vous expliquera les avantages des placements à longs termes … “

“ Tu te rends compte, le directeur de la banque t’a écrit “
Louis n’en re­vient pas. La lettre circule de main en main, puis retourne dans son écrin.
Alors, pour fêter l’événement Louis offre une tournée générale.

Dans la salle de réunion M. le P.D.G. trône comme un patriarche :
“ Dites-moi, Durand, quels sont les résultats de la lettre circulaire ? “

L’employé consulte ses documents, veut répondre. Mais déjà M. le P.D.G. poursuit :
“ Il faudra continuer à me cibler le troisième âge … “

 

 Louis, te voilà redevenu cible, te voilà redevenu lapin, comme en quarante, sur les plages de Dunkerque.

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