Cette année, les récoltes des fruits sont une fois de plus légèrement en avance.
Cela fait longtemps que l’on observe les effets du réchauffement climatique.
D’année en année, la date des récoltes arrive de plus en plus tôt.
J’ai toujours aimé les quetsches. Elles sont les fruits de mon Alsace natale.
Quand j’étais gosse, nous guettions avec impatience le mûrissement des premières quetsches.
« N’allez surtout pas me cueillir des quetsches vertes » nous lançait maman.
Alors, nous prenions notre mal en patience.
C’est vers la fin août que mûrissaient les premières quetsches.
On les appelait :
« August Zwetschge » en alsacien dans le texte.
A dire vrai, les quetsches du mois d’août, même si elles calmaient nos appétits, ne possèdent pas encore la saveur des quetsches bien mûres.
Leur chair est encore de couleur verte alors qu’à pleine maturité, la chair prend des teintes dorées.
Il faut savoir attendre.
C’est la leçon de la vie.
Mais le réchauffement vient tout bouleverser.
L’autre jour donc, j’ai cueilli au mois d’août finissant, les premières quetsches 2018.
Elles étaient recouvertes de leur pruine, une couche que la nature dépose tout ce qu’il y a de plus normalement comme une couche de cire.
La pruine donne aux fruits un teint mat.
On est tenté de frotter les fruits contre ses habits pour les faire briller
Ce serait bien dommage car la pruine est un signe.
Allez venez, je vais vous expliquer.
Certaines fruits, mirabelles, pommes, quetsches, raisins se couvrent d’une couche de pruine qui possède un double rôle de protection.
– protection contre le soleil.
– protection contre la pluie.
Et oui, les pommes elles aussi peuvent attraper des coups de soleil.
La pruine sert de défense contre la chaleur souvent excessive du mois d’août, la pluie et même certains parasites.
La pruine est un produit naturel de la famille des lipides et possède une structure qui rappelle celle de la cire.
Arrivés à maturité, les fruits sont gorgés de sucre, de jus, d’aromes. Une trop grande chaleur risque de provoquer une évaporation.
La pruine est très fragile.
Chaque fois que les doigts touchent la pruine, ils laissent une empreinte en enlevant la pruine.
Un fruit qui n’a plus de pruine est donc un fruit qui :
– soit a été souvent manipulé.
– soit est mûr depuis plusieurs jours déjà.
La présence de la pruine est donc le signe que le fruit est mûr et qu’il a été très peu manipulé : donc un signe de qualité disons du moins de respect.
Petite anecdote :
Quand j’ai construit ma maison, je suis devenu adhérent de la société d’arboriculture du village. Cette société organisait chaque année une exposition des fruits de ses adhérents.
J’ai donc préparé quelques belles pommes et pour les rendre plus belles encore, je les ai bien frottées avec un chiffon de laine.
« C’est quoi cette affaire-là ?
– m’apostropha le président
– Tu ne veux quand même pas exposer ces pommes-là !
Et j’eus droit à une petite leçon sur la pruine.
Qu’on se le dise !
Profitez de la saison des quetsches.
Régalez-vous des tartes aux quetsches avec une petite pointe de cannelle.
Pensez à faire des confitures.
N’hésitez pas à mélanger viandes et fruits.
Je vous recommande un magret de canard aux quetsches
Et si d’aventure, vous êtes hardis, je vous invite à parler mon dialecte alsacien.
Tarte aux quetsches se dit :
« Zwatchkawaya »
En cas de fracture de l’os de la langue, faites le 15.
Sinon pour rire regardez la suite en cliquant ICI
Voi aussi
Illustrations photographiques © Papy Jipé
Des quetsches fraîchement cueillies. La pruine recouvre les fruits
La pruine protège contre la chaleur, la pluie et certains parasites
Ce qu’il ne faut pas faire enlever la pruine en frottant les fruits.
La pruine est très fragile. Sa présence prouve que les fruits sont frais et ont été peu manipulés.
Un petit creux indique l’endroit où il faut couper
Quand les quetsches sont mûres les noyaux s’enlèvent facilement.
Ici on a coupe dans le » mauvais sens » Le noyau apparaît sur sa tranche.
Tarte aux quetsches sur pâte feuilletée.
Les fruits doivent être bien serrées et joliment disposées.
Une petite entaille sur l’un des bords.
Une cuisson à 210°C à cause de la pâte feuilletée.
Avec un peu de cannelle pour parfaire le goût.
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