Photographier les orages : 2° partie. Techniques de prises de vues.

Suite du premier article publié ICI.

Particularités du sujet.

La photographie des éclairs  conduit le photographie à se trouver dans des situations que je qualifierais de « particulières »

Le phénomène des éclairs est à la fois :

– extrêment rapide.
– aléatoire.
– très lumineux.

Il ne peut en aucun cas être question d’attendre un éclair et d’appuyer sur le déclencheur.
Le temps que le rideau se déplace, le phénomène sera déjà terminé.

La première idée qui vient à l’esprit est donc, si votre appareil le permet, de se mettre en position vidéo et de filmer en continu.
Cela présuppose évidement que l’appareil soit solidement fixé sur un pied.
On pourra toujours faire un arrêt sur image et choisir le moment le plus spectaculaire.

C’est facilement faisable.
De plus, on peut jouer sur les possibilités de ralenti pour montrer comment un éclair se propage dans le ciel.
Cette technique est couramment employée et donne à coup sûr, de bons résultats.

Mais, nous avions parlé de photographier et non de filmer.

Alors comment faire ?
Quels sont les réglages à effectuer.

Le phénomène étant très rapide, on serait facilement tenté de dire : il faut choisir une vitesse rapide. Et boum ! C’est l’erreur à ne surtout pas faire.

Au contraire, si votre appareil,  est fixé sur un pied comme pour le film et réglé sur la pose B ; c’est l’éclair qui enregistrera automatiquement son passage dans le ciel.

Donc vitesse : pose B

Quand on se met à la pose B, les photons lumineux pénètrent dans l’appareil et viennent  sur le capteur. Il s’agit en réalité d’une véritable accumulation par addition. Un moment ou un autre, le capteur sera saturé donc «  aveuglé » par trop de lumière.

Il faut donc éviter de produire ce phénomène de saturation.
Comment ?

Choisir la sensibilité :

Les capteurs possèdent  tous une «  sensibilité nominale ».
C’est le fabricant qui l’a déterminée.
Généralement, les capteurs des appareils « grand public » possèdent une sensibilité nominale de 100 ISO. La sensibilité minimale et nominale des appareils professionnels est souvent de 50 ISO ce qui leur permet d’obtenir des images plus fines.
Dans l’autre sens, actuellement, les capteurs « montent » très haut dans les valeurs ISO. De ce fait, ils permettent aux photographes de travailler même en lumière très faible.
Cela n’a aucun intérêt pour la photographie des éclairs car nous avons justement trop de lumière.

Donc valeur ISO la plus basse possible.

Nous avons une autre possibilité de quantifier la lumière : le diaphragme.
Là aussi, il faut tenir compte de petites particularités.

Un objectif possède généralement une valeur de diaphragme qui donne le meilleur rendement : le photographe parle de « piqué »

Ce n’est ni la valeur de l’ouverture maximale, ni la valeur de l’ouverture minimale.
Pourquoi ?

Et bien, un objectif  est assimilable à une loupe, disons une lentille.
Un lentille ou le plus souvent un groupe de lentilles.
C’est un « système optique » dont les qualités dépendent de la qualité des verres utilisés, et de la technique de polissage (régularité, finesse etc…)

Prenez une loupe pour la lecture.
Vous verrez que sur les bords de la loupe, les résultats ne sont pas fameux.

Voilà pourquoi, un objectif ne possède pas toutes ses qualités quand le diaphragme est ouvert à sa valeur la plus grande  (on note f/2.8  ou moins)

Alors pourquoi « ne pas fermer à fond ? »

Tout simplement parce qu’il existe un autre phénomène qui vient jouer les trouble fêtes.
Ce phénomène s’appelle la diffraction. Il est très difficile d’expliquer la diffraction sans recourir à des formules mathématiques. En gros, disons que les rayons qui passent tous au centre de la lentille sont légèrement déviés et cela se traduit par une perte de piqué.

Dans la pratique :

 

Quelques années de pratique (cela fait quand même plus de 65 ans que je photographie), m’ont appris que la plupart des objectifs ont le meilleur rendement à  une valeur de diaphragme de f/8. Mais ce n’est pas une certitude absolue.
Chaque photographe doit tenir compte du couple que forment boîtiers/objectifs, donc tout simplement connaître son matériel.

Alors ces paramètres !!!
On y arrive.

– appareil sur un pied stable et non sensible au vent.
– sensibilité : valeur ISO la plus basse.
– vitesse : pose B (ou alors voir truc plus bas)
– diaphragme : F/8  (ou alors voir plus bas)

Allons voir plus bas :

Dites vous bien que vous êtes tous des petits veinards
Oui, que je dis !
Vous êtes des photographes de l’époque digitale ou numérique, comme il vous plaira de dire.
Le numérique, c’est le tout, tout, tout de suite, tout à fait !

Je m’explique :

Vos appareils vous permettent de voir les résultats sur leur écran.
Cela veut dire que vous pouvez rectifier vos paramètres de prise de vue au fur et à mesure.
Nous, dinosaures de l’époque argentique, nous étions obligés d’attendre les résultats des développements. Pour les diapositives, il fallait attendre parfois quelques semaines.
Vous ignorerez à jamais, la sensation de gratouillis dans le ventre pendant une si longue attente.


Voir plus bas :
et bien nous y sommes. En plein dedans

Voici comment je procède dans la pratique.
Je ne me prends pas pour un exemple, mais juste pour un photographe qui réussit quelques clichés

– appareil sur pied.
– objectif 24/70.
– ouverture f/8 ou adapté à la distance de l’orage.
– vitesse : non pas pose B mais 30 s.
– mise au point manuelle sur l’infini.


Il convient tout d’abord d’observer l’évolution de l’orage pour déterminer la portion du ciel où tombent les plus d’éclairs.
Diriger votre appareil vers cette zone et laissez faire.
Regardez les résultats sur l’écran de contrôle et modifiez vos réglages si besoin.

Pourquoi 30 secondes et non la pose B ?

 

Quelle que soit la sensibilité, votre capteur va enregistrer les photons même ceux qui ne sont pas directement dans l’axe de visée. Il va donc accumulé de plus en plus de lumière et le ciel qui devrait être sombre, comment à  devenir laiteux.
Dans le temps,  quand on travaillait à la pose B, nous avions une accessoire indispensable  un chapeau !
En attendant une séquence d’éclairs, nous mettions le chapeau devant l’objectif

 

Maintenant, les nouveaux obturateurs permettent des temps de pose plus long.
J’ai choisi 30 secondes parce que cela représente le meilleur compromis.
En effet, plus le temps d’exposition est long, plus votre appareil mettra du temps avant de vous montrer le résultat sur l’écran de contrôle surtout si vous avez en plus opté pour une procédure de réduction de bruit.
30 secondes de prise de vues suivies de 30 secondes de réduction et d’affichage c’est  déjà long et il s’en passe des choses dans 1 minute. Alors si vous choisissez d’ allonger….

 

Au bout des 30 secondes, vous pourrez toujours voir  le résultat et modifier la valeur du diaphragme. Elle dépend de la distance qui vous sépare du foyer principal de l’orage.
N’oubliez pas qu’un orage peut se déplacer très rapidement.

Conclusions :

Les orages sont un beaux sujet photographiques qui permet d‘obtenir des images parfois exceptionnelles d’autant plus qu’elles sont totalement imprévisible ce qui leur donne justement leur valeur.
Comme dit, professionnellement, c’est-à-dire quand on vit de la photographie ; il s’agit avant tout d’assurer. Dans ce cas, la photographie en continu, c-a-d le film est la meilleure solution.
Personnellement, je pense qu  une récompense financière n’est pas à dédaigner, mais de réussir de belles prises de vues  « à l’ancienne » procure également un grand plaisir boire un bonheur.
A chacun de choisir…

J’ai la chance d’habiter une tour de grande hauteur ce qui me permet de voir arriver de loin les orages.

Ceci plusieurs conséquences :


– je ne suis donc pas le point le plus haut.
– je suis au sec car dès qu’il se met à pleuvoir, la lumière diffuse dans les gouttes de pluie.
– de plus, la tour étant triangulaire, je peux bénéficier d’une vue à 360°.
– je dirais donc que j’ai la chance de bénéficier de conditions idéales.

 

N’empêche que chaque prise de vue est en quelque sorte un défi et que l’on est toujours content quand on arrive à faire face.

Pour le reste, il convient d’évoquer quelques points qui peuvent considérés comme étant des détails mais qui font en réalité partie de toue la démarche professionnelle.

– travailler au format Raw.
Seul ce format recueille la totalité  des données du capteur. A quoi sert d’investir dans un bon appareil, si on décide de se priver de toutes ses capacités ?
– un bon boîtier exige de bons objectifs. Évident, donc sans commentaires.
– chaque photographie numérique doit être suivie par un post traitement avec un logiciel performant. Inutile de citer des noms. Tout le monde les connaît.

– exploitation : une photographie n’est pas « une princesse au bois dormant » , elle doit vivre et pour vivre, elle doit être partagée.
Tirage sur papier, projection, blog ou site, diaporama sont autant de voies de partage qui valent la peine d’être exploitées.

Si vous avez des photos à montrer, besoin de conseils etc…

contactez-moi

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ou

bkjipe@gmail.com

Illustrations © Jipé Brobeck

 

 

 

 

 

 

 

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