Philosophie : l’art culinaire – généralités.

– l’Homme : animal omnivore.
– cuisinier ou cuisinière ?

Pour grands que soient les rois
Ils sont ce que nous sommes
Et peuvent se….
Comme les autres hommes

Corneille : le Cid

Vanité des vanités
Tout n’est que vanité

Ecclésiaste 1 : 2

 

L’Homme a toujours eu une très haute opinion de lui-même, un très grand orgueil aussi. C’est lui-même qui se situe tout au sommet de l’évolution.

Il n’y a rien à dire, ou alors, il y aurait bien trop de choses à dire…

Quand on se retourne vers le passé, on est bien obligé de constater qu’il fut une époque où les reptiliens régnaient en maître. Il y eut aussi la période des dinosaures.
Qui sait, nous ne sommes finalement qu’un épisode de l’évolution et qu’après nous, se sera le règne des insectes.

Celui qui s’adapte survit.
Les autres sont condamnés à disparaître.

Peut-être qu’après tout, il ne faudra pas même attendre longtemps. Peut-être que la fin est plus proche que l’on ne pense.
« Il est plus tard que tu ne penses » titre Gilbert Cesbron un de ses livres.
L’homme au sommet, l’homme pardessus le tout : je veux bien !

Mais l’homme est le seul animal qui ait inventé de quoi se supprimer, d’éradiquer toute son espèce.

Si ce n’est pas un signe d’intelligence, ça !

Qu’on le veuille ou non, qu’on l’accepte ou pas, l’Homme n’est finalement qu’un simple animal.

Un animal bipède, à station debout, mammifères, et mange tout : omnivore. Car l’Homme a la chance de pouvoir manger pratiquement tout. La chance ? Ou alors la condamnation ?
Pourquoi ?

Comme tous les animaux, l’Homme trouve dans sa nourriture tout ce dont a besoin son corps, pour vivre, pour se développer, pour se reproduire, pour réparer son corps.
Tout ? Non, pas tout, parce que l’Homme est incapable de synthétiser. Il est donc OBLIGE de manger de tout afin de ne manquer de certaines substances indispensables. Je pense, entre autres, aux vitamines qui comme le nom l’indique, sont des acides aminés indispensables à la Vie.

Et s’en est fait de la superbe de l’Homme qui toise le monde du haut de sa pyramide de l’évolution.
Un homme, obligé de boire, de manger, de copuler pour se reproduire ? Un Homme somme toute avec un « h » minuscule.

Mon père, qui était un homme très simple, me disait toujours :
Si tu es impressionné par un monsieur, imagine-le atteint d’une bonne diarrhée en train de supplier qu’on lui apporte du papier. 

Ca fait rire : non ?
Ca fait réfléchir : pour sûr !

L’Homme est omnivore par obligation, et depuis toujours il a été obligé de diversifier son alimentation.

On se sait pas exactement comment est apparu l’art culinaire, alors permettez-moi de vous proposer une explication bien à moi, dans mon style ; mais il faudra que vous acceptiez quelques petites entorses au déroulement purement historique.

Un jour Monsieur Cro mari de madame Magnon, prononça cette phrase qui allait entrer dans l’histoire :
Qu’est ce que l’on mange ce soir ?

Alors, Madame Magnon épouse Cro ( d’où Cro-Magnon oui famille recomposée, déjà !) regarda dans le frigo et répondit :

Y-a plus rien, faut aller aux courses.

Et les voilà partis. Vous savez tous ce que c’est les courses un samedi soir ?
Toujours est-il qu’ils firent une queue presque aussi longue que celle des dinosaures devant la caisse, et quand ils rentrèrent ils étaient très fatigués.
Monsieur Cro, qui n’avait jamais appris à ranger, déposa un paquet nylon contenant de la viande sur la cuisinière qu’il avait oublié d’éteindre.
Si bien que la viande se mit à cuire, à sentir bon, à devenir appétissante.

Et c’est ainsi que l’on découvrit que la viande cuite était meilleure que la viande crue n’en déplaise à Lucie qui avait pourtant essayé d’éduquer ses descendants. Mais vous savez les enfants…

Ce fut l’avènement de la cuisine qui allait devenir la «  grande cuisine française » quelques millénaires plus tard.

Toujours est-il que lorsque les hommes consultaient les petites annonces du meetic de ce temps-là, ils avaient soin de choisir parmi les prétendantes, celles qui possédaient quelques connaissances de l’art culinaire.

C’est la femme qui a toujours été chargée de la gestion des ressources et de la préparation des repas.

Et même bien plus tard, dans les maisons riches, officiait une cuisinière.

Quand l’histoire finit par user les familles nobles, l’heure de la bourgeoise sonna et pour imiter les manières des familles nobles, mais déshéritées, les bourgeois se mirent à rivaliser en organisant de grands repas.
Il leur fallait une cuisinière de choc ! Non pas une cuisinière soucieuse d’assurer le quotidien. Il fallait de l’exceptionnel, du jamais vu. Et c’est ainsi que l’on se tourna vers le genre masculin : les premiers cuisiniers montèrent en scène.

Sérieusement :

Quelques longues années de pratique m’ont appris que les marmitons garçons sont beaucoup plus turbulents que les filles. Les garçons n’aiment pas refaire la même chose plusieurs fois de suite. Ils innovent, ils essaient, ils bricolent.
Les filles me sont apparues comme plus attirées par le fait de refaire une technique qui leur a réussi. Elles se sentent plus rassurées à rester dans les sentiers connus que d’aller explorer de nouvelles voies.

Ce ne sont là que des considérations d’ordre général exception faite… des exceptions…

Mesdemoiselles, vous êtes, dans la majorité, plus raisonnables, plus respectueuses aussi.
Profitez-en : c’est mon jour de bonté. Je ne lance pas souvent des fleurs. Mais, je n’en pense pas moins.

Les bourgeois engagèrent donc des cuisiniers plus fanatisés les uns que les autres et l’on trouve dans la littérature quelques histoires savoureuses à ce sujet notamment celle des épigrammes d’agneau.

Misogynie ?

Je ne sais si la sorte de misogynie qui règne dans les cuisines date de cette époque là ? Je pense que le travail en cuisine, surtout si ce travail comporte le fameux « coup de feu », est relativement dur. Mes expériences personnelles m’ont fait côtoyer filles et garçons et je n’ai aucun a priori.

On ne choisit pas de devenir cuisinier parce qu’il y a des débouchées en cuisine. On choisit de devenir cuisinier parce que le métier n’est ni lassant, ni avilissant.

ll y a une certaine noblesse à nourrir ses congénères. Une grande responsabilité aussi.

J’ai eu la chance de devenir prof de cuisine par vocation. Je n’ai fait que suivre un appel, sur le tard, il est vrai.
Mais ce sont les vocations tardives qui sont les plus violentes.

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