LES MALGRE-NOUS : 75 ans après

La guerre a besoin de matériel et d’hommes.
Le matériel, on le produit, ou alors on le confisque.
Tout est bon.

On démonte les cloches, on déboulonne les statues.
On les fait fondre pour couler des munitions, des canons.

Rendez-vous compte : être tué par une cloche, voire pire, par une statue qui prônait la liberté.
Alors, pour essayer de sauver le patrimoine, on démonte, on cache tant bien que mal.


Mais les hommes ?
La chair à canon ?
On ne peut fondre les hommes.
Alors, on essaie tout d’abord de persuader en leur parlant de leur devoir envers leur patrie.
Mais quelle patrie ?

1870 – 1914 -1918 -1939 –1945

des dates qui jalonnent les changements de nationalité des Alsaciens.
Alors la patrie …

 

Quand la persuasion ne fonctionne pas, quand les volontaires ne se présentent pas, on change de tactique : on emploie la force, on recrute, on incorpore de force.
Et c’est ainsi que les classes de 1908 à 1928 soit 100 000 Alsaciens se sont retrouvés sous le drapeau allemand.
100 000 « malgré-nous » dont 35 000 ne revinrent pas.
Et pour leur éviter la tentation de déserter, l’état major les envoya sur le front de l’Est, jusqu’au fin fond de la Sibérie.

 

La Wehrmacht a ainsi « recruté » par un simple décret du 25 août 1942 du « Gauleiter Robert Wagner ». ( l’équivalent d’un préfet actuel)

 

La propagande fit le reste.
Elle salua les « volontaires » !!!
Elle fit croire que les pauvres types qui durent abandonner leur famille et leur pays partaient se battre la fleur au fusil par respect et par amour pour le « führer »
On se garda bien de cacher la terrible réalité, car on se prenait aux familles de ceux qui essayaient de fuir en Suisse.
Persuader : c’est aléatoire.
Fusiller : c’est beaucoup plus efficace beaucoup plus rentable.

 

Maintenant encore, 75 ans après, il existe des gens qui parlent des Alsaciens en pensant :
«  qu’ils avaient le cul entre deux chaises ».
Maintenant encore 75 ans après, il existe des sujets qu’il vaut mieux ne pas aborder, même dans les repas de famille.
La vérité est si profondément enfouie qu’il faut du temps, beaucoup de temps, pour qu’elle refasse surface.

 

 

Un proverbe alsacien dit ;

Tu peux te tourner comme tu veux ; tu auras toujours ton cul par derrière ! »

Si cela vous choque excusez les mots mais surtout imprégnez-vous de l’esprit.

 

Les Alsaciens : surveillés par les allemands qui s’en méfiaient.
Les Alsaciens : considérés comme des parjures par leurs propres compatriotes.
Les Alsaciens : incompris par les Américains qui venaient les libérer.
Les Alsaciens : dans leurs camps de concentration (Tambov) dont on feignait ne pas avoir entendu parler, jusqu’aux plus grands de ce monde.

 

Papa, mon papa en a fait partie.
Il n’était pas très grand, pas même 1.60m
Avec ses 100 kg, il avait la carrure d’un boxeur.
Il est revenu en pesant à peine 39 kg.
Il a continué à dormir des mois à même le sol.
Il venait tout juste de finir son service militaire, quand la guerre a été déclarée et c’est en plein voyage de noces ( à bicyclette) que son frère lui apporta son ordre de mobilisation.
Il a revu son épouse 6 ans plus tard.
Elle qui croyait être veuve.

 

Papa ne parlait jamais de cette période de sa vie et quand par hasard, la télévision parlait de Stalingrad, il quittait la pièce, les yeux remplis de larmes.
En 1963, un éclat d’obus lui a déchiré l’aorte.
Cet éclat d’obus en signé la fin de mes études.

 

75 ans plus tard,
La vie ne s’est pas arrêtée.
La Vie est plus forte que la folie des hommes.
Maintenant, nous citons en exemple ceux que nous combattions.

 

« Homme de peu de foi
Hommes de peu de mémoire….. »

 

La première génération souffre.
La seconde génération paie les pots cassés.
La troisième génération est prête à recommencer.

 

J’ai voulu rendre hommage à ma façon.

Hommage aux hommes qui avaient les mains liées

Mais surtout hommage à la Vie qui a triomphé.

 

Mais être un homme qui sait garder les pieds sur terre, ce n’est pas toujours être fier de son passé.
 

 

Celui qui ignore l’histoire  est condamné à le revivre.

Proverbe russe.

 

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