ANNIVERSAIRE deux ans deja

Aujourd’hui, il y a exactement 2 ans,
aujourd’hui, à 7 h 30 précises,
aujourd’hui, à l’heure du petit déjeuner qui ouvre la porte d’une nouvelle journée,

le 6 juillet 2023
mon compagne, le docteur Christiane Ameur Hédrich, s’endormait pour toujours.

Un cancer foudroyant lui avait accordé quelques mois pour préparer son dernier voyage. Et elle avait lutté de toutes ses forces, de toute son intelligence,  ses espoirs aussi.

On ne peut cacher la vérité à un docteur malade. Un docteur sait lire les analyses et les rapports des examens. Un docteur connaît aussi les limites de sa science.

Nous avions longuement discuté, et c’est à deux que nous nous sommes battus contre ce mal qui s’avéra rapidement incurable.

Christiane était d’une intelligence redoutable. On ne pouvait rien lui cacher.
Elle avait tellement travaillé qu’elle avait atteint le stade de l’intuition, cette connexion avec soi-même : cette connexion avec ce qui nous dépasse et qui ouvre la porte sur la Connaissance.

Être soignant est un devoir qui s’impose, dès que l’on a prononcé cette phrase magique composée de quelques mots : « je t’aime »
Pour le meilleur, mais aussi pour le pire.
Nous n’étions pas passés devant monsieur le maire, nous nous étions donné la parole et les mots du cœur sont bien plus puissants que tous les paragraphes d’un quelconque code.

Une grande partie de notre route était déjà dernière nous, mais il est de notoriété commune que les amours sont comme les vocations : les tardives sont les plus violentes, les plus solides aussi.

La vie est certainement la plus belle des choses : dommage qu’elle finisse toujours mal.
Quand on est jeune, les jours devant nous semblent aussi nombreux que les étoiles dans le ciel, aussi innombrable que les grains de sable du la plage. Pourtant ,s’il y a eu un premier, il y aura aussi un dernier.

Et, quand on vous annonce le dernier, c’est lui qui vous provoque une féroce envie de vivre. Le dernier jour est comme la dernière gorgée qui vous fait regretter de ne pas avoir assez apprécié chaque instant.

La vie de Christiane a été émaillée de combats. Elle voulait démontrer qu’une femme cardiologue peut être aussi performante qu’un homme.
Christiane recevait son premier patient dès le petit matin, et fermait son cabinet que la nuit tombée.
Elle travaillait à l’hôpital, et dans son cabinet. Elle était astreinte à faire des gardes et ne s’accordait que quelques rares jours de vacances.

Christiane voulait à tout prix obtenir la création d’un poste de chirurgien cardiaque à l’Hôpital Émile Muller et c’est, avec M° Bockel, le maire de Mulhouse, qu’elle est allée à Paris, rencontrer le ministre de la  Santé M. Douste-Blazy

Christiane a sauvé d’innombrables malades tout en soignant ses propres parents.

Nous étions tombés amoureux lors d’une première visite médicale, mais la vie nous a séparés pendant plus de 30 ans.
Nous avons connu 15 ans de bonheur simple, entre nos voyages, le jardinage, la musique et la photographie. Christiane corrigeait mes livres et récitait les textes de mes films.
Nous étions complices pour toutes les choses que nous entreprenions, complices jusqu’au dernier instant, quand Christiane a décidé d’abandonner un combat qu’elle savait perdu d’avance

Christiane avait demandé à être incinérée dans la plus stricte intimité. Elle avait exigé que l’annonce de son décès ne paraisse que 3 jours après.

Une grande dame est partie nous laissant orphelins.
Christiane a eu le souci de transmettre ses connaissances à ses collègues et ses internes, leur laissant la lourde responsabilité de continuer son œuvre

Il aurait peut-être été normal qu’une rue de la ville de Mulhouse porte le nom de cette grande dame, mais les demandes restent vaines.

Perdre un être cher est difficile.
Perdre la femme de sa vie est terrible, mais il faut essayer de retomber sur ses pieds et trouver une bonne raison de vivre chaque jour.

Je terminerai cet article par un poème qu’il convient de lire dans tous les sens.

As-tu déjà fait le compte de tes amis ?
Une seule main suffit.

As-tu déjà fait le compte de tes amis sincères
À qui tu oserais confier ta vie ?

As-tu déjà frappé à des volets
Que l’on n’a pas ouverts ?

As-tu déjà pleuré
Devant des portes qui sont restées fermées. ?

Que sais-tu du bonheur
Si tu n’as pas souffert ?

Mais, si un jour,
Tu trouves un cœur
Qui bat avec le tien

Tiens-le, tiens-le bien.

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