TOPINAMBOUR : légume en voie de réhabilitation.

Le topinambour dans le jardin familial.
Un peu de philosophie « agricole. »

Introduction philosophique.

 

Quand on utilise le mot « mode », on pense en premier lieu aux :
 

– vêtements,
– chaussures,
– chapeaux.

Mais le mot « mode » s’étend  à bien d’autres domaines, et disons-le, à presque tous les domaines.
« Être à la mode » devient, pour certains de nos concitoyens, un  impératif, une véritable obsession.

Je ne vous cacherai pas qu’être à la mode, est de loin, le dernier de mes soucis.
En analysant le sujet, nous rejoignons l’éternel problème de l’être et du paraître.

J’adopte, avec un plaisir à peine dissimulé, une attitude résolument provocatrice en retournant contre la « pub » ses propres arguments.
Pour certains, il semble que :

–  l’important n’est pas ce qu’il y a dans la boîte, mais que l’important, c’est la boîte !

Souvenir personnel :

Un jour, j’ai été invité par un jeune couple.
C’était en période  avant Noël, et le couple  était en train d’acheter les cadeaux.
On parlait justement du cadeau que l’on offrirait à l’une des belles mères.
Le couple avait déniché, sur je ne sais plus quelle brocante, un collier de perles.
Mais voilà, le collier n’avait pas une allure particulièrement attrayante.
Alors, le mari, (qui avait fait HEC)  eut l’idée du siècle !
Nous allons mettre le collier dans une belle boîte.

Sitôt dit, sitôt fait.

Et c’est ainsi que le collier fit le bonheur d’une belle-mère.
Un cadeau de valeur à n’en pas douter !

Pour preuve, le couple avait payé la boîte deux fois le prix du collier !

Être ou paraître ?

Les exemples de manquent pas.
Des contrefaçons détectables au seul microscope, aux… faux seins
Je vous avais prévenus,
J’aime jouer les provocateurs.

Et nos topinambours dans tout cela ?

Nous y venons.

Le phénomène « mode » s’étend même à notre nourriture, si bien que tel ou tel légume, après avoir tenu le haut du pavé, se retrouve dans le ruisseau (de l’oubli bien entendu.)

Tenez, quand le roi se délectait des premiers petits pois, tous les courtisans pour être « up to date » se devaient d’en manger et surtout de les trouver bons.
Maintenant, les petits pois « font cantine ». Ils sont tombés en disgrâce.

Mais que voulez-vous « it’s way off life » et le moment venu, quand tout le monde roulera en grandes berlines, notre bonne vieille 2 cv sera du dernier cri.
 

Tout cela pour vous dire qu’il en va exactement de même pour les légumes.
Aujourd’hui, il est du dernier cri de manger des légumes oubliés.
Au fait, oubliés par qui ?

 

Rutabaga, salsifis, scorsonères, panais et autres topinambours sont revenus au goût du jour.
Ils n’ont pas changé d’un iota, (évangile selon St Matthieu).
La chose qui a changé, c’est le regard que l’on porte sur eux, et ce regard fluctue avec la ou les modes ce qui prouve bien les Hommes sont moins intelligents que ceux qu’ils désignent par le mot « bêtes ».

LE TOPINAMBOUR.

le

J’ai toujours aimé les topinambours.
Leur chair au goût de noisettes et d'artichaut me plaît bien, surtout quand le  mode (LE et non LA) de cuisson le renforce.

Je suis trop jeune pour avoir subi l’obligation des topinambours de la guerre 1914/18.
D’après ce que j’ai pu lire, il paraît que le topinambour était la seule chose que l’on pouvait se mettre sous la dent. Par voie de conséquence, le topinambour reste lié à des mauvais souvenirs, c’est pourquoi il est tombé en disgrâce.
Mais le temps passe et les derniers « poilus de la grande guerre » disparus, on oublie et le topinambour est sur la route du retour.
Vous comprendrez et partagerez peut-être mon étonnement, le jour où vous irez au marché et que vous vous trouverez nez à nez avec le prix des topinambours.
Quoi un tel prix pour un légume qui a si mauvaise réputation !

Encore des effets de la mode.

Quand tout le monde désire le même produit, les prix s’envolent
Quand personne n’en veut, il ne vaut plus rien.

Tiens un petit truc

Pourquoi ne pas organiser une pénurie d’un produit dont tout le monde a besoin ?
Juste pour faire augmenter les prix.

Je vous laisse le soin de dresser la liste … du nombre de fois où vous avez été les victimes de ce genre de manipulations.  
Et ce n’est pas fini.

Homme de peu de foi.
Homme de peu de mémoire !
Celui qui ignore l’histoire est condamné à la revivre. (
proverbe russe)
 

Pour revenir à nos topinambours, j’ai décidé d’en planter dans mon potager.
Je ne suis donc renseigné.
Je ne pourrai pas dire que l’on ne m’a pas prévenu.

 

Des topinambours, tu en mets dans ton jardin, mais il ne faut pas rêver, tu ne t’en débarrasseras plus jamais.
Un peu le même son de cloche que les clochettes des muguets. Lui aussi est un mode aller simple sans retour.
J’ai donc suivi (enfin plus ou moins) les conseils des copains.

 

– Il faut choisir des plans pas trop gros.
– J’ai donc planté une dizaine de topinambours de la taille d’une petite clémentine.

 

– Il faut choisir une plate bande si possible bien encadrée
– C’est ce que j’ai fait

J’ai planté, arrosé, puis oublié.

Les topinambour se sont rappelés à mon bon souvenir, quand ils se sont réveillés.
Ils ont émis des tiges bien verticales.
Elles se sont mises à pousser, pousser…
Elles sont montées à plus de trois mètres.
C’est là que je compris leur appartenance à la famille du tournesol.
Toujours est-il que mes topinambours n’ont jamais fleuri.
Victime d’une sécheresse qui dure depuis des mois en Alsace, j’ai été obligé de bien les arroser car ils avaient tendance à baisser la tête.

C’est finalement dans le seconde quinzaine du mois d’octobre que j’ai déterré mon premier plant.
Surprise !
Un bon kilogramme de topinambour de belle taille, pratiquement lisses.

La peau est tellement fine que je ne les ai pas épluchés mais simplement bien brossés.
Au niveau du goût, rien de particulier à déclarer. Ils sont bons.Le goût d'artichaut est là.
Pour la cuisson, il convient quand même de signaler que les topinambours brunissent très rapidement et qu’il faut les cuire sur feu doux.
J’ai également tenté la cuisson en deux temps :
– cuisson à l’eau comme pour les pommes de terre à la robe des champs
– suivie d’un passage dans une poêle.

J’ai essayé de renforcer le goût de noisette en utilisant de l’huile de noisettes ou de l’huile neutre dans laquelle j’ai fait mariner des noisettes concassées et torréfiées.

J’ai déjà consacré un article aux topinambours cliquez ICI

En cherchant à me documenter, j’ai trouvé un article consacré à l’étude de la composition du topinambour.  Cliquez ICI
Cet article souligne une propriété intéressante.
Il dit que le topinambour est la « pomme de terre du diabétique » vu son excellent index glycémique.
Cela peut justifier des études complémentaires, vu que le nombre des diabétiques est en constante augmentation.

Nous en reparlerons.

 

Conservation des topinambours.

 

Il faut noter que les topinambours sont très riches en eau et que cette eau à une fâcheuse tendance à s’évaporer. Il convient donc de « limiter les dégâts » en le conservant de façon à ce qu’ils gardent son humidité (sachet dans le bas de réfrigérateur).
 

Autre propriété intéressante :


Le topinambour ne craint pas le gel.
On peut le laisser en terre et le récolter au fur et à mesure des besoins.
Bien sûr, quand le sol est fortement gelé, il faut attendre le dégel pour continuer la récolte.

Je vous présenterai, dans d’autres articles, des recettes à base de topinambours.