A dire vrai, je n’ai réellement goûté la soupe à la genouille que récemment.
Pourquoi ? Allez savoir, car la soupe à la grenouille, j’en ai toujours entendu parler.
C’est ma grand-mère qui se faisait un plaisir de raconter ses souvenirs de jeunesse : une époque où on allait pêcher les grenouilles dans les étangs.
Il paraît qu’il suffisait de les appâter avec un chiffon rouge.
Je n’en sais fichtrement rien, car quand je n’ai jamais été à la pêche aux grenouilles.
D’après les dires de grand-mère, les pêcheurs écorchaient les grenouilles, puis ils les enfilaient sur des baguettes.
Les clients achetaient donc des baguettes avec une ou plusieurs douzaines.
Mais c’était des grenouilles dont il ne subsistait que le corps avec les pattes avant et bien sûr, les belles cuisses des pattes arrières.
Corps et pattes avant étaient utilisées pour préparer la soupe.
Les pattes arrières étaient sautées (normal pour des grenouilles) avec un mélange d’ail de persil et de beurre.
Ce n’est nullement de l’histoire ancienne, car il existe encore des restaurants qui basent leur renommée sur la préparation des grenouilles.
Il est par contre rare, je dirais même très très rare, de trouver encore des grenouilles vendues à l’ancienne.
D’ailleurs, si vous avez l’oreille fine, vous entendrez avec un peu de chance, vos grenouilles qui coassent en chinois, car les grenouilles françaises, bien de chez nous, se font rares.
Tiens, au passage dit-on coasser ou croasser ?
Alors elles disent : Quoi ?
Avec l’accent je vous prie.
La grenouille un animal protégé ?
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Toujours est-il que pour faire honneur à notre réputation de « frogeater » des mangeurs de grenouilles, je vous ai donné la recette des grenouilles au beurre d’ail des ours cliquez ICI
Ce n’est d’ailleurs pas la seule recette. Nous y reviendrons plus tard, car aujourd’hui je vais vous raconter la résurrection de la soupe à la grenouille.
LA SOUPE A LA GRENOUILLE
Le tout a commencé, un jour où j’ai servi des grenouilles en vol au vent à la sauce au vert.
Patience : je vous donnerai la recette.
Avec mes élèves, nous avons donc désossé une dizaine de kilogrammes de grenouilles, ce qui ne se fait pas en 10 minutes, croyez-moi sur parole.
Connaissant mon atavisme à ne rien jeter, mes élèves m’ont provoqué.
“Chef ce serait dommage de jeter tous ses os, même s’ils sont petits.”
C’est de cette façon que je me suis remis à penser à grand-mère et à sa soupe de grenouilles.
LA RECETTE EST FINALEMENT TRÈS SIMPLE :
Vous préparez un pot au feu classique avec de la viande et une garniture aromatique.
Le lendemain, vous récupérez les os de grenouilles du désossage et vous les faites cuire dans le pot au feu afin qu’elles lui donnent un goût de grenouille.
Comptez ensuite 2 ou 3 paires de pattes des grenouilles par client pour la seule garniture.
Vous les faites pochez dans votre bouillon durant un petit 10 minutes.
Puis vous les désosser : non pas les clients … les genouilles je vous ai vus venir !
Il suffit de terminer votre potage en mettant les grenouilles désossées dans le potage, mais il faut lui donner un goût spécifique.
VOUS AVEZ DEUX SOLUTIONS :
Version diététique :
Vous hachez du persil bien lavé et des gousses d’ail pelées et dégermées et vous les rajoutez dans le potage.
C’est la version soft !
L’autre version :
Vous ajoutez carrément un petit morceau de beurre d’escargots dans votre potage et non seulement vous ferez plaisir à vos grenouilles mais les yeux du bouillon vous feront les yeux doux, comme on dit .
COMMENTAIRES DU CHEF
Je pense que cette façon de préparer la soupe aux grenouilles est relativement fidèle aux souvenirs que m’a laissés ma grand-mère.
Comme disait une grand chimiste : « rien ne se perd »
Surtout pas en cuisine !
Dites à votre docteur que vu le nombre de fois que l’on mange de la soupe aux grenouilles par an, le plat n’est pas aussi mortel qu’il y paraît.
Et surtout n’oubliez pas deux choses :
Faites-vous du bien
et coassez de plaisir.
Illustration © Papy Jipé
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