PREMIER JOUR DE L’AUTOMNE

C’est fou ce que le temps file.
Hier encore, les premières fleurs, les premières feuilles d’un vert tendre.

Et puis, le soleil, écrasant.
Le vert tendre est devenu foncé.
Un été torride, avec ses rivières qui s’assèchent, les poissons qui flottent le ventre à l’air.
Un été sans eau, ou alors si rare, que dans bon nombre de régions on a été obligé d’interdire les arrosages.

Ce sont les petits jardiniers qui ont payé le prix fort. Ils ont assistés impuissants, aux ravages causés par les canicules successives, les tomates qui sèchent sur pied, les graines qui refusent de germer.
Là-bas, dans le verger, les arbres ont réagi en diminuant la taille de leurs fruits.

La terre avait soif.
Elle était toute craquelée comme les rides dans un visage.
Et ce n’étaient pas des rides de joies.
On guettait la moindre goutte.
On implorait les plus petits des nuages.
Espoirs déçus.

Ou alors, quand il pleuvait, c’était trop à la fois.
Le sol était tellement soif qu’il était incapable d’absorber la moindre goutte, comme un homme qui est tellement assoiffé qu’il ne peut même plus boire.

Le monde, notre monde est devenu excessif.
Il a perdu la sagesse, il a quitté le juste milieu.
Les orages sont si violents qu’ils dévastent tout sur leur passage.
En quelques  minutes, l’eau remplit les rivières qui  débordent comme pour se venger.

Et voici le premier jour d’automne.
On l’attendait.
Il avait pris soin d’annoncer sa venue par les premiers brouillards qui flottaient sur les prairies toutes étonnées.

Pour le photographe qui sommeille en moi, l’automne est une saison tout en couleurs.
Je me souviens des réveils tôt le matin, pour ne pas rater le rendez vous avec le soleil embrumé, et la danse des rayons habillés de nuages.

L’autre jour, nous sommes allés dans le vignoble pour faire provisions de vins.
Georgette, la propriétaire nous a accueillis.
Le temps semble glisser sur elle.

Sur un mur du petit local qui sert pour les dégustations, il y avait une fenêtre habillée de lumière.
Une simple fenêtre ?
Non ! Une frontière avec d’un côté des géraniums qui jouent les vedettes sur l’écran lumineux, et de l’autre une pièce qui deviendra refuge, quand les vents froids prendront possession du vignoble.

Des géraniums qui nous rappellent la marche implacable du temps, et qui nous disent n’oubliez pas de profiter des petits bonheurs de chaque saison.

La photographie est soumis à © Jean-Paul Brobeck aria Papy Jipé

 

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