Le Bretzel sucré du Nouvel-An

Nous nous sommes couchés tard : Saint-Sylvestre oblige. Pour nous autres, êtres humains dans la norme, ce rituel de passage d’une année à l’autre peut se comprendre. Je dis bien « peut », car pour les solitaires, et ils sont de plus en plus nombreux, la Saint Sylvestre est un soir comme tous les autres.

Alors, on espère que la télévision diffusera un programme un peu plus intéressant. Mais, on est souvent déçu.

Mais allez expliquer à un Labrador, non-chasseur, que les humains se sentent obligés de faire claquer des pétards afin que les mauvais esprits ne les suivent pas dans la nouvelle année.

Lui : il tremble, il a peur, il va se faufiler sous le lit ou alors, il vient tout contre son maître et les caresses ont bien du mal à lutter contre les claquements des feux d’artifice.

Nous sommes donc rentrés tard, tard pour un jour normal, mais se coucher à 2 heures du matin, un jour de réveillon, n’a rien d’une prouesse.

La nuit fut courte et je ne sais quel mauvais esprit est venu me tirer par les pieds à 7 heures, comme chaque jour de la semaine.

Alors, je me suis levé sans faire de bruit. Je voulais faire une surprise à ma compagne. Je me suis habillé dans le salon en prenant bien soin de ne pas allumer la lumière.

Nimbus suivait mes préparatifs d’un œil intéressé et, quand j’ai tendu ma main pour saisir sa laisse, là-bas, au porte-manteau, il a fait un bond.

Nous nous sommes retrouvés dans les rues de Mulhouse endormies à la recherche d’un boulanger.

Il faut vous dire que chez nous, en Alsace, le jour de l’An commence par un petit déjeuner où l’on déguste un gros Bretzel sucré.

Il paraît que d’après cette tradition, ce sont les parrains qui offraient le Bretel sucré à leur filleul qui le dévoraient au petit déjeuner.
Dans motre famille, elle a toujours été respectée. Alors, la veille, nous allions chez le boulanger, quand nous croyions que les autres membres de la famille avaient le dos tourné. Et l’on commandait un Bretzel,

– un Bretzel pour combien de personnes ?

– un bien grand, c’est tout !

Et le lendemain matin, les boulangers ouvraient leur boutique pour vous donner un Bretzel tout juste sorti du four.
Et l’on s’empressait de rentrer pour l’offrir à la famille attablée.

Ce matin, je n’ai pas trouvé de boulangerie ouverte.

Tous les magasins étaient bien fermés.
J’avais tout simplement oublié que le temps a passé. Qu’il passe même un peu trop vite, emportant une tradition par ci, une coutume par là.

Et pourtant, ce sont toutes ces traditions, toutes ces coutumes, toutes ces petites habitudes qui nous rattachent au seul point commun de toute l’humanité : le temps.

Je suis rentré un peu triste, en pensant à l’oncle Joseph qui nous apportait notre Bretzel du jour de l’An.

Mais aujourd’hui, les boulangers réclament leur droit au sommeil.
Du même pour le thé sans théine,
Les poissons n’ont plus d’arêtes et les curés célèbrent la messe du dimanche matin, le samedi soir……pour que vous puissiez faire votre grasse matinée.

Allez donc vous recoucher.

Cette année, il n’y aura pas de Bretzel !

 

Le temps a passé  et c’est avec grand bonheur que j’ai appris que quelques boulangers reprennent la fabrication des Bretzels sucrés du Nouvel An.
Qu’ils soient remerciés .
Il est important que les traditions survivent, car elles forment les bases de notre identité.

Etant souffrant, je n’ai pas trouvé la force de faire un Bretzel, alors je vous offre une photographie trouvée sur internet. Merci à l’auteur.

BONNE ANNÉE A TOUTES ET TOUS.

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