On ne cuisine pas de la même façon, quand en reçoit belle maman ou quand on invite des copains.
Pas besoin d’en rajouter.
Tout le monde a compris.
Par contre, j’ai été très étonné, le jour où, voulant manger à la cantine du lycée avec les amis, on m’a demandé que je fasse une demande pour être considéré comme commensaux.
Moi commensaux !
Je n’ai rien fait, je le jure
Et c’est ainsi que j’ai hérité d’un nouveau titre qui viendra allonger inutilement mes faire part.
Commensaux : celui qui partage la nourriture.
Je n’aime pas les gens qui compliquent inutilement la vie : Commensaux : cela fait chic
Pourquoi pas tout simplement co-pain :
Celui qui partage le pain ?
Copain a le mérite d’être plus simple.
Vous ne trouvez pas ?
Les soirées entre copains
Les soirées entre filles réclament les féministes.
Moi, je ne suis pas raciste ; les filles sont les bienvenues à ma table.
Les soirées entre amis ont une bonne odeur de cuisine d’autrefois, une cuisine simple, une cuisine sans complications superflues : une cuisine où les carottes ont un goût de carottes, une cuisine dans laquelle les poissons n’ont pas de yeux carrés avec de la viande attachée sur des os que l’on prend plaisir à ronger jusqu’à la fin du repas.
Un repas avec des doigts pleins de bonne sauce, pendant que belle maman s’évertue comme un équilibriste à décortiquer ses crevettes avec couteau et fourchette.
Tout est dit
Le grand chef a parlé.
ECRIRE UN LIVRE sur cette cuisine là, c’est aller à la recherche non pas de l’Histoire mais rechercher les recettes de notre histoire, recettes des plats de notre enfance qui font renaître l’image d’une grand-mère un peu rondouillarde, une grand-mère avec un cœur grand comme ça.
Car les grands-mères ajoutaient toujours une pincée de cœur à la liste des ingrédients.
Les grands-mères savaient que l’on ne fait rien de bon sans une pincée de cœur.
Les publicitaires exploitent la faille avec leurs :
– sauce bonne femme.
– sauce grand-mère.
– comme autrefois.
– à l’ancienne.
Le filon fonctionne à tous les coups.
Une véritable mine pour qui sait l’exploiter.
Il faut donc, pour retrouver les plats de notre enfance apprendre à fermer les yeux pour laisser monter en nous, l’odeur suave d’un pot au feu, le fumet grisant d’un boeuf bourguignon qui a longuement mijoté.
Cette cuisine-là, est une cuisine sans chichis
On n’utilise pas d’essence d’estragon.
C’est grand père qui s’en va cueillir l’estragon au fond de son potager.
Grand-père qui retrouve ainsi une petite place dans cette magie alchimique.
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