INDISPENSABLE FORMAT RAW

Réflexions sur la photographie numérique.

 

Introduction :

Je « suis tombé » dans la photographie à l’âge de 5 ans.
Non ! Je ne me considère pas comme  un enfant particulièrement doué.
Tout juste un enfant très curieux : je vous l’accorde.

Qu’est-ce que la photographie pour un gamin de cinq ans ?

Soyons sérieux : ce qui m’intéressait, ce qui m’intriguait avant tout, c’était l’appareil de mon père.
Un appareil bien particulier : un « Lumière » des années trente de format 6 x 9. Et je vais aller plus loin encore ; ce qui me fascinait ce n’est pas même l’appareil, mais la façon toute particulière qu’il avait de s’ouvrir en bondissant comme un diable hors de sa boîte, par la seule pression exercée sur un petit bouton.

Voilà la véritable raison d’une vocation.

Quand je dis que je suis devenu professeur de photographie dans une école de journalisme à cause d’un appareil qui joue les « coucous » cela ne fait pas très sérieux.

La vérité, si je mens !
Un véritable cinéma.
Une histoire d’amour.
Une histoire de fesses aussi.
Si, si, au sens propre s’il vous plaît.

Car, quand mon père m’a surpris « son appareil » dans les mains, son sang n’a fait qu’un tour et ses mains une promenade appliquée sur mes fesses.
On ne meurt pas d’une bonne fessée.
Mais l’appareil fut sauvé… de justesse il est vrai, car jeune reporter en barboteuse, je m’étais mis en tête d’immortaliser la leçon de natation que je voulais donner à mon chat.

Mon derrière guérit, mais mon intérêt par la chose photographies survécut.

Le chat dans son panier,
Le chien dans sa niche,
L’appareil photo à double tour dans une armoire,
Et les choses restent à leur place…

Fin du premier épisode.


Le second épisode est un mouvement lent qui voit un petit garçon qui va à l’école primaire, puis au lycée pour finalement entrer à l’Ecole normale. Le décès de mon papa vint bouleverser mes projets d’études.

C’est à cette époque-là que je repris contact avec la photo. Je n’eus d’autre solution que d’économiser patiemment pour me payer mon premier appareil. : un Voigtlander 24 x36.  Le premier appareil avec cellule couplée aux réglages.
Révolutionnaire pour l’époque.
J’achetais parallèlement de quoi installer un laboratoire dans ma salle de bain dûment occultée par de grosses couvertures.

J’avais compris, dès le départ, que la photographie est un tout qui part de la prise de vue jusqu’au développement et au tirage.
Il faut que le photographe puisse intervenir à toutes les étapes. Il fait qu’il puisse maîtriser tous les paramètres.

J’avais  20 ans et comme je ne disposais pas de moyens financiers suffisants, je suis entré comme laborantin, puis reporter photographe dans la presse locale.
C’est là, que j’ai appris à travailler, rapidement, rationnellement.

Faisons un saut de quelques années pour me retrouver président d’un club. C’est pour attirer les foules que j’ai choisi de me lancer dans le diaporama.

 

Début des années quatre-vingt, je suis devenu professeur de photographie dans une école de journalisme. Métier passionnant, valorisant de par la qualité des étudiants et par le fait qu’enseigner une passion ne peut que vous rendre heureux.

Mes premiers contacts avec le monde de la photographie numérique ne m’ont pas laissé de souvenirs impérissables.
Comme toujours, les fabricants sont pressés de commercialiser du nouveau matériel, même si celui-ci n’a pas encore atteint sa maturité.
Les premiers appareils numériques étaient lourds, très chers et nous faisaient rêver, mais sans pouvoir aller au bout des rêves.

Je pense que ce n’est qu’à partir du moment où l’informatique a commencé à sortir des laboratoires que la photographie numérique a réellement eu un grand avenir. Ordinateur et appareil photo numérique vont de pair.

 

Pour occuper une place à côté d’un système bien au point ( la photographie argentique), la photographie numérique se devait au moins de faire aussi bien.
Mais on pressentait que cette nouvelle façon de travailler allait nous ouvrir des possibilités bien plus vastes.
A l’époque, je faisais partie de cette grande foule des photographes pris entre deux chaises.
Ceux qui avaient les moyens ou qui savaient se les faire donner passèrent au numérique.
Les autres, dont je faisais partie, se devaient d’attendre le bon moment pour passer au numérique.

Je m’étais fixé une limite :
Je passe au numérique, quand il fera aussi bien que l’argentique.

Les choses évoluèrent rapidement à partir du moment où les capteurs passèrent la barre des 6 millions de pixels.
Autre innovation décisive, les CMOS qui remplacèrent le CCD.

Coup de chapeau à Canon qui fut pionnier dans ce domaine.

Nous nous sommes donc lancés dans le numérique en adaptant notre méthode de travail. Très peu de stages pour des gens comme nous, mais surtout beaucoup de travail personnel avec toujours le problème du prix. Nous nous sommes formés nous-mêmes avec nos propres moyens et chaque erreur était un investissement perdu.

Ce fut le prix de cartes mémoires qui fut longtemps un frein puissant. Les cartes étaient chères et de faible capacité.

C’est pour répondre à ce problème que l’on inventa le système de compression JPEG qui n’utilise qu’un certain nombre de données afin de réduire le poids d’une photographie.
Le système JPEG est à la photographie ce que le système MP3 est au son.

Les gens furent contents, du moins un certain temps, parce que le système JPEG a également ses limites.
A force d’être comprimées, malmenées, les informations commencent à se dégrader graduellement et il était très difficile, sous peine de sérieuse perte de qualité, de refaire le développement d' une photo.
Impossible donc de se constituer un stock d’archives sous la forme d’un véritable négatif numérique.

On refit donc le chemin inverse pour retrouver la totalité des informations enregistrées par les capteurs, des informations brutes totales sont  le fameux RAW.

Bien sur, il ne faut pas rêver.
Chaque fabricant voulait garder le secret sur ses technologies.
Raw de Canon, n’est pas le même que Raw de Nikon .

Parallèlement, un certain nombre de photographes commençaient à rêver d’un système RAW universel.

C’est la naissance du DNG : Digital Negativ lancé par Adobe. Actuellement la situation a peu évolué et les marques se cramponnent toujours à leur RAW particulier.

La situation coomence à évoluer à grands pas.
A la base, une question de gros sous, comme toujours.

Le prix des cartes mémoires a bien diminué. Première raison de ne plus se priver de RAW.

Seconde raison : l’évolution des logiciels.

Les marchands de logiciels veulent suivre le rythme d’une nouvelle version au moins tous les 18 mois.

Comme on n’a pas réussi à lutter contre le piratage, ils ont imaginé une solution "le cloud."
Vous ne possédez plus le logiciel matériellement. Vous payez une redevance pour avoir le droit de vous connecter pour utiliser le logiciel.

Les photographes ont par ailleurs développé des méthode de travail qui leur permet d’ouvrir des photographies RAW des années passées. (nous en reparlerons)

Ils peuvent ainsi retrouver une forme de négatif digital.

C EST POURQUOI LE FORMAT RAW EST DEVENU INDISPENSABLE.

 

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cet article fait partie de mes cours. Il est protégé par les lois sur la propriété intellectuelle.
Pour utiliser une partie ou la totalité, prendre contact avec l'auteur.

 

Illustrations photographiques : papy Jipé ©

 

appareil-photo-lumiere-1

Le 6 X 9 de mon père.
Il date des années 1930.
Marque  "Lumière"

Les amateurs utilisaient ce type d'appareil parce qu'ils pouvaient facilement faire des tirages par contact.

 

appareil-photo-lumiere2

Gros plan sur lez 6 X 9 de "Lumière"

En haut à droite : le viseur. On pouvait le basculer pour faire des mises au point verticales ou horizontales

Au dessus de l'objectif : l'obturateur avec des vitesses non normalisées :
P Pose  1/25°  1/50°

Sous l'objectif : les diaphragmes avec des valeurs non normalisées.
 

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