LA MESURE DE LA LUMIERE 1° partie.

LA MESURE DE LA LUMIERE 1° partie.

Positions relatives du sujet, du photographe et de la lumière.

Introduction :

S’il existe un domaine dans lequel il est permis de parler de « clichés » : c’est bien la photographie. Non ?
Humour mis à part, il existe un certain nombre de gestes, d’attitudes que l’on fait presque automatiquement parce qu’ils nous ont été transmis tels quels.
Soleil dans le dos. C’est un coup des plus classiques.
Tenez, vous avez réuni quelques amis.
Pourquoi ne pas immortaliser l’instant ?
Alors, le photographe aligne ses personnages bien face au soleil :
« attention je veux voir toutes les têtes »
et hop ! Une de plus.

Une photographie bien sûr sur laquelle les gens clignent de yeux, le sourire un peu crispé, le teint blafard. Une de plus qui ne laissera pas un souvenir impérissable.
Et il n’y a malheureusement pas que les amateurs qui font de la photographie de cette sorte.
J’ai maintes fois entendu, dans certaines rédactions,
« il me faut des rangs d’oignons… ça fait vendre. Chacun est fier de voir sa bobine dans le journal. »

Analysons :

Pour réaliser une prise de vue, il faut trois choses :
– un sujet.
– un photographe.
– de la lumière.
En cas d’absence de l’un de ces trois éléments, la prise de vue ne pourra pas se faire.
Ce qui nous intéresse particulièrement ce ne sont :
– ni les caractéristiques du sujet
– ni le photographe et son équipement

Ce qui nous intéresse, c’est la lumière. Cette lumière possède elle aussi des caractéristiques :
– puissance de la lumière.
– couleur de la lumière.
– température de la lumière.

Ce qui nous intéresse particulièrement aujourd’hui, ces sont les positions relatives du sujet de la lumière et du photographe.
Faisons rapidement un point :
– la lumière peut se trouver en gros :
– derrière le photographe.
– entre le sujet et le photographe.
– derrière le sujet.

Bien sûr, l’angle sous lequel on aperçoit la lumière peu varier à 360° ainsi qu’en hauteur.
Les positions relatives du sujet du photographe et de la lumière donnent lieu à des « situations ».
J’appelle « situation » une position particulière.

Un peu de pédagogie :

Le plus simple, me semble-t-il est de faire une petite expérience.
Matériel :
– un sujet
– objet ou mieux une personne.
– une source de lumière mobile (lampe, baladeuse etc …)
– une pièce sombre afin de mieux suivre les effets de lumière.
 

Expérience :

– nous placerons notre sujet au centre de la pièce.
– nous allons éclairer notre sujet
– nous allons déplacer la source de lumière autour du sujet.
Afin de bien nous entendre, je vous propose de prendre une référence, celle d’une image :
le cadran d’une montre.
– le sujet est assis au centre du cadran.
– le photographe est considéré comme fixe. Il se tient à 6 h.
– la source de lumière va se déplacer sur le cadran en suivant les chiffres.

 

experience

Première situation : source de lumière à 6 h.

 

C’est la position, lumière de face. Cette position correspond à lumière dans le dos du photographe.
Les 3 éléments (lumière photographe et sujet), peuvent être considérés comme « alignés ».
C’est la position décrite précédemment, quand on se moquait des rangs d’oignons.
Dans ce genre de position, la lumière tombe uniformément sur le sujet.
Le résultat ne se fait pas attendre : l’éclairage est uniforme, on dit qu’il est plat.
Le sujet perd son relief.

Deuxième situation : la source se déplace de 6 h vers 9 h

 

Partant de ma position 6 h (de face), la source de lumière se déplace vers 9 h.
Elle devient donc de plus en plus latérale. Le maximum est atteint quand elle se trouve pile de côté (9 h). Concentrez votre attention sur les ombres pendant le déplacement. Elles s’allongent vers le côté.
Quand la source de lumière arrive sur le 9h la moitié du sujet est éclairée, l’autre n’est pas éclairée.
Il en va de même pour des raisons de symétrie quand la source de lumière se déplace de 6 h vers 12 h en passant par la position 3 h.

 

Troisième situation : la source se déplace de 9 h à 12 h.

 

Au fur et à mesure de ce nouveau déplacement, la source de lumière commence lentement à passer derrière le sujet. Le maximum sera atteint quand elle se situera en 12 h.
Les ombres commencent donc à passer devant le sujet.
Cette position n’est pas très facile pour le photographe car il faudra qu’il trouve le bon réglage afin de concilier fond d’image et sujet. Il faudra donc faire un choix. Nous verrons comment.

 


Quatrième situation : la source de lumière est placée à 12 h.

 

On peut donc considérer que les 3 éléments, source, sujet et photographe sont de nouveau alignés mais dans cette position l’ordre est changé.
Le sujet est placé entre la source et le photographe. Cette position est le fameux « contre-jour ».
C’est une position difficile pour le photographe pour les mêmes raisons que précédemment.
Pour faire ses réglages, le photographe doit faire impérativement un choix – fond ou sujet.
Comme dit : la position contre jour est difficile mais c’est aussi l’une des plus intéressantes.

 

Petite aparté.

 

Quand la lumière passe derrière le sujet, elle commence à éclairer certains détails par l’arrière.
Sur la photographie cela se traduit par l’apparition d’un liseré billant qui atteint son maximum bien sûr quand la source se trouve à 12 h plein derrière le sujet.
J’ai bien souvent noté que c’est la photographie qui révèle le liseré.
Au départ, le photographe débutant ne « voit pas le liseré »
C’est l’expérience qui lui dit que le liseré sera bien présent.

 

La hauteur de la source de lumière :

 

La source de lumière ne se déplace pas uniquement dans un plan horizontal.
Tout comme le soleil, elle peut se situer plus ou moins haut.
Il est intéressant à plus d’un titre, de refaire l’expérience en variant la hauteur de la source.
On pourra ainsi matérialiser et noter la direction et la longueur des ombres.

 

Conclusion de cette première partie :

 

Comme je l’ai dit en boutade : le photographe est un cueilleur de lumière.
Pour cela il doit « apprendre à la voir ».
L’expérience montre que cela n’est pas évident du tout.
Je l’ai maintes fois constaté lors de mes sorties avec des étudiants.
Voir la lumière c’est déjà commencer à réussir une photographie.
Voir la lumière c’est savoir ce qu’il faut regarder, retenir pour finalement mesurer.

 

Boutade finale :

 

« Je ne vois pas pourquoi tu t’embêtes à faire tout ce tralala. Moi je mets mon appareil en position automatique… »
A ça, il n’y a rien à redire. Ou alors, il suffit de voir les photographies.
Le tout est bien sûr de savoir ce que l’on veut.
Un appareil sur position automatique ratera rarement une photographie, mais un appareil en position automatique vous donnera que très, très rarement une photographie exceptionnelle.
Il ne pourra jamais se substituer au photographe qui regarde et choisit ses réglages en fonction de ce qu’il veut exprimer.

 

Illustrations photographiques :

 

Mes archives comprennent un chapitre dans lesquel je classe mes photographies en lumières difficiles.

 

 

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