LA CHOSE CULINAIRE3 : et la cuisine dans tout cela ?

Analyse part 3

L’analyse  Part 2 se termine par :

Et la cuisine dans tout cela ?


Faisons le point. Nous avons vu que

– au départ, l’acte de nutrition se résume à la cueillette et à la chasse pour satisfaire les besoins vitaux.
– un jour, sans que l’on sache exactement comment, l’Homme s’est rendu compte de l’action du feu sur ses aliments.
– à partir de ce jour-là, on assiste à la recherche et la mise au point de techniques dont le but est de procurer du plaisir à celui qui mange.
– cette nouvelle étape fait entrer l’Homme dans l’ère de la « cuisine ».
– la cuisine est un ensemble de techniques dont le but est de rendre les aliments plus appétissants, plus aptes aussi à être consommés et à procurer du plaisir.
– la cuisine devient un acte obligatoire.
– on peut percevoir cette obligation soit comme une contrainte, soit comme un acte pouvant lui aussi générer du plaisir.
– dès  que la cuisine devient une obligation, on fait tout pour subir le moins de contraintes. C’est la naissance de l’industrie alimentaire.
– l’industrie alimentaire doit à la fois fournir la nourriture pour de nombreuses personnes tout en s’assurant des bons bénéfices.
– on substitue donc aux produits naturels, des produits spécifiques ce qui entrainement une perte de références.
– on perd le vrai goût des choses, ou le goût des choses vraies.
– l’industrie alimentaire doit régulièrement  faire naître de nouveaux besoins.
– il y a de plus en plus rupture de la transmission des connaissances « culinaires ». Les goûts changent, s’adaptent…

Pourtant : tout n’est pas noir.

Il ne s’agit pas de dresser un tableau noir de la situation.
Encore faut-il « ne pas mettre tout le monde dans le même  panier ».
Les pays occidentaux sont, du moins pour l’instant, à l’abri des disettes, ce qui n’est pas le cas du reste de la planète.

L’augmentation démographique est telle, que tôt ou tard, la Terre ne pourra plus nourrir tous ses habitants.
La production de produits comme la viande nécessite tellement de matières premières tellement d’énergie, que l’on cherche déjà des produits de substitution.

Tout est  une question d’échelle.

Il est vrai que le problème de la faim dans le monde est un problème tellement vaste et tellement compliqué que l’on se sent souvent démuni. Les solutions à ce genre de problèmes passe inévitablement par une prise de conscience collective qui entrainera des prises de décisions politiques. Le risque est bien sûr également que le problème de la faim ne devienne source de conflits armés.

Que faire hic et numc.

Nous ne sommes que des hommes qui vivent dans l’ici et le maintenant.
Quand nous nous tournons vers nos propres problèmes, il faut bien le constater, les dérives qu’imposent les grands groupes de l’alimentation industrielle nous guettent toutes et tous. Il convient de réagir. Mais comment ?

Redécouvrir le plaisir de cuisiner.

Petite anecdote.

Mon copain H est médecin et amateur de bonne chair. Un jour il m’a dit :
« les laboratoires pharmaceutiques nous invitent souvent au restaurant. Moi, ce qui me plairait, c’est de participer à la fabrication du repas. »
C’est ainsi qu’est née une association que nous avons baptisée avec humour, « Pantacruel »
Elle comprenait un ostéopathe, un dentiste, un  neurochirurgien,   une podologue et leurs conjoints.
Nous nous réunissions deux fois par mois. Lors de la première réunion, chacun exprimait ses rêves. Nous fixions le menu. Il m’incombait ensuite d’adresser à chaque membre les recettes.
 Le jour fixé pour le repas, nous nous retrouvions à 18 h.

Règle du jeu : terminé ou pas, on mange à 21 h.
Nous éclations en « ateliers » en fonction des différents plats du menu.

Les activités ont duré pendant trois années. Elles nous ont laissé de bons souvenirs et il arrive encore parfois que les amis téléphonent pour que je leur rappelle quelques recettes.

Mon ami H était précurseur. Nous avons tenu nos réunions bien avant l’invention des différentes structures qui regroupent actuellement les amateurs de cuisine.

Comme nous l’avons vu, la cuisine est très médiatisée et les programmateurs profitent du phénomène pour vendre leurs programmes et leurs publicités.

Je pense que ce qui est faisable au niveau d’un groupe devrait  aussi l’être au sein d’une famille.
De toute façon, il faudra bien trouver du temps pour cuisiner dès lors que l’on veut devenir moins  tributaire de l’industrie alimentaire. Alors, il suffit de choisir une plage horaire dans laquelle, les volontaires acceptent de cuisiner en commun.

 Il y a beaucoup à gagner en organisant ce genre d’activités. On redécouvre l’habileté de ses mains. On apprend à retrouver le goût des choses. On transmet son savoir.
Et au delà, je pense que toute activité qui rapprochent les gens, les générations, les humains et la nature ne peuvent que nous enrichir.

La maman qui est obligée d’acheter, ne peut plus montrer à sa fille. A son tour, la fille n’ayant pas recueilli les savoirs faire de sa mère, ne pourra plus transmettre à sa propre fille.
Il suffit de trois générations pour que la tradition soit perdue ou qu’elle devienne la chasse gardée d’un groupe qui la monnayera tôt ou tard.

Konrad Lorenz, chercheur allemand, étudiait le comportement des oies. Il en a tiré quelques réflexions qui s’appliquent à l’humanité entière.
Il disait :
seul le sentiment de l’esthétique peut encore sauver l’humanité

Je me permets de lui emprunter sa phrase :

"seul le sentiment du bonheur, peut encore sauver la vraie cuisine."

 

Mettre le bonheur au premier plan, c’est rarement se tromper.