Images et mots au service de la communication.

Images et mots
au service de la communication.


Moi, je pense en images ; normal, je suis photographe ; mais je crois bien que je ne suis pas le seul.
Si la pensée a besoin de mots, je suis persuadé qu’elle a également besoin d’images.

La preuve :


Il suffit de voir la racine des mots : imaginer…imagination.
La conception semble passer par l’image : image réelle ou image que l’on se fait.

D’ailleurs, le sujet mérite une analyse plus profonde.

Commençons :

Contrairement à ce qu’affirme le sens commun :

“On ne voit pas avec ses yeux”.

Analogie avec l’appareil photo numérique)

Pour moi, les yeux ne sont que de simples capteurs.
Ils récoltent, ils ramassent, ils enregistrent, ils trient aussi.( nous dirigeons notre regard, et en dirigeant, nous découpons le monde en morceaux).
Ensuite, ils envoient leurs informations au cerveau via le nerf optique, avec une question :

« C’est quoi ce truc-là ? »

Et c’est le cerveau qui écope du boulot de décrypter :
– c’est au cerveau  à qui il incombe d’analyser,
– c’est le cerveau qui est chargé de reconnaître.

J’insiste  bien : « re-connaître ».

Et c’est là, que nous entrons de plein pied dans une mécanique – une démarche – un processus – un process comme disent maintenant les gens bien qui parlent le petit doigt en l’air.

En l’absence de re-connaissance, le cerveau est démuni.
Notez bien ce mot de “reconnaissance”.

Je vais être provocateur en prétendant bien haut :

"L’enfant naît bête."

D'aillieurs,j ce mot de "bête" doit être expliqué.

L’enfant, le petit de l’Homme, n’est en réalité que le petit d’un animal même si l’Homme a toujours eu tendance à se classer au sommet de la pyramide. L'enfant en tant que "bête" n'est donc qu'une simple réalité.

Mais le mot « bête » est également synonyme de ignorant.
Il est vrai qu’au moment de sa naissance, le petit de l’Homme semble bien moins «outillé, équipé" pour affronter la Vie que les autres petits des autres bêtes »

Pas même capable de se tenir débout !
Tout juste bon à brailler !
Invivable (oui comme certaines belles-mères)

Le petit “ d’homme” possède pourtant le cerveau le plus évolué,  le cerveau avec le meilleur rapport volume/poids.
Mais le cerveau des animaux que l’on appelle “bêtes” lui, possède au moins quelques rudiments désignés par « instincts ».

L’homme en a aussi, mais pas suffisamment semble-t-il pour survivre sans l’aide de l’adulte.

Si le petit animal se dresse sur ses pattes après quelques heures,
si d’autres doivent entreprendre la lutte pour la survie dès les premiers instants de leur existence, il y en a d’autres  qui  mettent plusieurs jours à “ ouvrir les yeux”.
Encore une expression à retenir.

Le petit humain lui, met des années à grandir.
En clair, cela signifie que même si l’Homme possède
l’ordinateur le plus perfectionné dans sa tête,
cet ordinateur ne comprend pas de système d’exploitation.
Ou alors, pour être plus précis, je pense que le cerveau de l’Homme possède un système d’exploitation auto programmable et que toutes les expériences qu’elles soient techniques, affectives ou relationnelles sont autant de chances offertes au nouvel être d’enrichir sa “programmation interne afin de générer son système d’exploitation. »
Petite parenthèse car nous ne sommes pas dans l’utopie mais à la pointe des recherches sur les nouveaux systèmes d’exploitation.

Cet enrichissement sans fin (on apprend à tout âge – adage bien connu) va le conduire à pouvoir connaître par re connaissance, par analogie, par extrapolation aussi.
On part de ce qui est connu pour appréhender l’inconnu.

Prenons un exemple :

La couleur jaune n’est qu’une longueur d’onde du spectre visible, perceptible, c’est-à-dire accessible à notre œil.
Une tache jaune sera un “ truc”  sans nom, jusqu’au jour où le cerveau dûment enrichi par des expériences multiples, se mettra à faire des relations, des recoupements, des connexions entre des neurones qui lui permettront de choisir, donc de définir, de nommer.

Et c’est ainsi que le “ truc jaune” deviendra :

·       une banane

·       un citron

·       un pissenlit
une camionnette des PTT

·       etc…….


Et c’est le  “etc”….. qui est déterminant, car c’est lui qui va définir l’étendue du savoir, et des connaissances.


Petite aparté indispensable :


Les connaissances sont bien loin de permettre de définir le “degré d’intelligence”
Cumuler des connaissances, c’est certes bien, mais cela ne suffit pas.
Il y a bien mieux.

Prenons des exemples :

L’accumulation des connaissances me fait penser à une facture des courses d’une grande surface.
Ces factures-là, sont imprimées sur un ruban de papier et ce ruban évoque une direction “verticale.”
Autre exemple : la liste des ingrédients permettant de préparer un plat.
Liste “ verticale” comme la facture.

Mais la direction verticale n’est pas la seule. L’homme possède la possibilité de créer des liens disons dans la direction horizontale.
Je parlerai volontiers de “ recoupements”, de mises en relation.

Pour créer ce nouveau genre de liens, il faut savoir se détacher de la seule direction verticale, autrement dit, il faut savoir “prendre de la hauteur” afin de pouvoir distinguer non pas les détails, mais “ les grandes lignes.”

En histoire, on remplacera  l’histoire d’un homme bien précis dans le contexte historique.
En géographie, on passe de la carte précise à petite échelle à une carte plus grande  échelle.

Cet exemple de changement d’échelle illustre à mon avis assez bien le passage des termes

·       les connaissances

·       à la Connaissance.

 

Mais revenons à nos moutons comme dit le berger.
Nous étions partis sur des considérations disant que
l’homme a besoin d’images…

Or, comme je viens de le démontrer, une image nous appartient car c’est nous qui l’avons créée dans notre cerveau. Cette image est intrinsèquement reliée à notre propre histoire. Cette image a pris connaissance dans un contexte qui nous est propre.
Elle est reliée à des souvenirs personnels, à des expériences, à des faits, à des sensations, des émotions… qui ne sont pas forcément les mêmes que celles de nos voisins.

Nous sommes donc un pleine subjectivité.

Dès lors, n’y aurait-il pas lieu de se poser un certain nombre de questions ?

·       si nos pensées s’échafaudent à partir d’images qui nous sont profondément personnelles, sommes-nous capables de communiquer ?

·       la communication permet-elle une réelle transmission d’homme à homme ?

·       le dialogue entre deux êtres ne serait-il pas, in fine, qu’un dialogue avec soi-même donc un monologue ?

 

Le problème semble à priori très compliqué sinon inextricable. Pourtant, nous communiquons au quotidien, exceptés bien sûr, « nos dialogues de sourds », expression que nous avons forgée et qui montre bien au passage que nous sommes conscients des difficultés inhérentes à la communication.

 

Il me semble indispensable de rappeler rapidement le schéma de la communication.

Il comprend 3 éléments :

– un émetteur  (expéditeur).
– récepteur (destinataire).
– un vecteur (moyen de communication).

 

Dès que l’un des éléments fait défaut, la communication ne peut se faire.

Quels sont les moyens de communication dont nous disposons ?

 

Pour répondre à cette question, il faut se tourner vers notre corps. La nature l’a équipé de sens. Les buts des sens sont multiples. Dans le cas présent, ils nous servent à « entrer en contact » avec l’Autre.

Entrer en contact, c’est créer un point de contact, un point commun aux deux interlocuteurs, un point où se feront les échanges.
Ces échanges peuvent être visuels, auditifs, sensitifs, tactiles, olfactifs, gustatifs…

Mais, nous risquons de tourner en rond, car les échanges sont en réalité, les fruits de nos expériences personnelles, donc par nature même, individuels.

 

Les problèmes de la communication prennent donc une tournure intéressante.
– on ne peut communiquer quand on ne parle pas la même langue.
– il est difficile de communiquer quand on n’a pas la même culture.
 

Alors comment faire ?

Il faudrait chercher des points communs, véritables dénominateurs communs qui permettent les échanges.

Tournons nous vers la pratique.
Prenons un exemple au hasard.


Deux hommes sont assis dans le compartiment d’un train.
le voyage dure depuis longtemps et le silence devient pesant.

Le premier tente une entrée en matière.
Il veut parler du temps qui devient long.
Pas la peine d’essayer via les mots. Ils ne parlent pas le même langage.
Il attire donc l’attention de l’autre homme et désigne de son doigt la montre autour de son poignet.
Son doigt décrit des cercles sur le cadran.
Symbole des heures qui défilent, symbole du temps qui passe.

Ce tout petit exemple montre toute l’ingéniosité mise en œuvre pour suppléer un manque (dans ce cas le langage).

Symbole aussi que le doigt qui désigne le cadran de la montre. Symbole encore quand le doigt décrit des cercles.

Il y a toujours moyen.
Sauf que parfois cela s’avère très difficile.
Dans l’évocation de l’exemple ci-dessus, il y a un mot qui revient souvent. C’est le mot « symbole ».
Il semble à juste titre que le symbole va plus loin que le langage.

Je dirai que la portée du symbole est plus universelle que celle d’un mot appartenant forcément une langue.

 

Il est fort à parier que si nos deux voyageurs poursuivent leur « dialogue » un moment où un autre, l’un d’eux sortira de son porte feuille, l’image de sa femme, de ses enfants de sa maison.

L’image se substituera donc au mot.

L’image deviendra un moyen d’expression.

 

Comme quoi,

L’image a besoin de mots
et que les mots ont besoin d’images.

 

Mais ce n’est qu’un début.

 

 

 

 


 

 

 

 

 

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