Les acteurs de cette anecdote sont encore tous vivants.
Ils se reconnaîtront pour sûr.
C’était il y a plus d’une vingtaine d’années.
Déjà !
Le temps passe si vite.
A l’époque, nous étions jeunes et beaux.
Maintenant, nous ne sommes plus que beaux.
Le tout avait commencé un soir, autour d’une bouteille de champagne.
Nous discutions de tout et de rien, évoquant les bons et les mauvais côtés de la vie.
Nos espoirs aussi, car rien ne sert de se lamenter quand on ne prend pas son destin en main.
Hugues, le toubib, déclara :
Moi, j’en ai marre des invitations des laboratoires.
Ce qui m’intéresse, ce n’est pas d’aller manger au restaurant. Moi, j’aimerais mieux apprendre faire la cuisine. Voilà ce qui me ferait plaisir.
Ses paroles résonnèrent dans mon cœur.
Vous pensez : pour un prof de cuisine, c’était du Mozart !
C’est ainsi que nous avons crée une association de copains qui cuisinent en commun.
Les règles du jeu :
Chaque mois, une réunion au cours de laquelle nous laissions libre cours à nos rêves culinaires.
– on va faire la cuisine chez qui ?
– on mange quoi ?
Dès le départ, je me proposais pour établir les recettes que j’adressais au membre du groupe. Il fallait les apprendre.
Et comme on dit :
Ça ne rigolait pas.
Vous voulez faire un filet de bœuf Wellington ?
Alors faudra apprendre à faire de la pâte feuilletée vous-même.
Du sérieux ou rien.
Je jour J, nous nous réunissions à tour de rôle, chez l’un ou chez l’autre.
Début : 19 heures.
Repas : 21 heures, terminé ou pas.
Alors nous éclations en différents ateliers.
– première entrée.
– seconde entrée.
– plat de résistance.
– fromage
– dessert.
C’était du boulot, mais nous étions heureux.
C’est bien ce qui compte.
Il y avait un médecin, un neurochirurgien, un dentiste, un plagiste, et le prof de cuisine chacun venait accompagné de son épouse.
L’anecdote :
Un soir, notre menu comprenait une petite fantaisie.
Nous avions décidé de servir en fromage du Vieux Lille à la bière.
Le vieux Lille, pour ceux qui ne le savent pas, se présente sous une forme carré.
C’est un fromage qui se rapproche du Maroilles, mais le Vieux Lille est plus salé et un peu plus piquant.
Destiné aux amateurs de fromages forts, il peut également être servis à des gens bien enrhumés.
Pour tout vous dire, son surnom de « Puant macéré » en dit plus qu’un long discours.
C’est pourquoi, nous avions décidé de le faire macérer dans de la bière brune pour l’adoucir un maximum.
Ce soir-là, c’est le couple de Philippe le dentiste et Catherine son épouse, qui recevait.
Je leur avais donc adressé la liste des courses.
Seulement voilà, le diable s’en était mêlé.
J’avais tout simplement oublié d’indiquer le poids de Vieux Lille à acheter.
Alors Philippe se trouva devant un problème.
Combien de Vieux Lille ?
Philippe est un homme qui fait les choses sérieusement et en grand.
Il ne fit donc pas le détail et quand il téléphona à son fromager, il commanda un vieux Lille par personne.
Seulement voilà, le Vieux Lille est de forme carrée, je vous l’ai dit.
Ce que je ne vous ai pas dit, c’est qu’il mesure vers les 15 cm de côté sur une épaisseur de 6 cm.
Le tout vous donne un beau fromage, avec un bel embonpoint autour des 750 g.
Mais attendez, ce n’est pas fini, car il fallait un récipient pour faire mariner les Vieux Lille dans la bière.
Philippe acheta donc un Tupperware, disons de « bonne taille « et quelques sss
bouteilles de bière brune.
Je ne vous dis pas la surprise et la rigolade au moment du repas.
Mais, il y a mieux encore.
Les Vieux Lille ont macéré dans la bière pendant une bonne quinzaine de jours, si bien qu’ils en avaient profité pour parfumer le Tupperware sans espoir d’une quelconque récupération.
L’affaire se termina de façon très pratique.
Depuis ce jour mémorable, on se refile le récipient culotté au vieux Lille, chaque fois que un membre du groupe organise un repas.
Recette du Vieux Lie à la bière
– comptez 75 g de fromage par personne.
– un récipient avec couvercle hermétique.
– de la bière brune pour « noyer » le Vieux Lilke
et c’est tout.
Laissez mariner.
Plus vous laisser, plus le Vieux Lille sera imprégné.
A la fin, vous pourrez le servir avec une cuiller.
Etant alsacien, je ne sors jamais sans mon carvi, des fois que je rencontrerai un fromage.
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