LE SUREAU : der HOLUNDER

Le sureau :

Nous sommes en plein mois de mai : le mois où le sureau est en floraison, venant parfumer toute la campagne.
Car même si le sureau ne passe pas inaperçu, il faut bien admettre que très souvent, on le sent avant de le voir.
Le sureau fait partie de mes souvenirs d’enfance car nous en faisions grande consommation et ce, tout au long de l’année.

 

Au mois de mai, c’était les fleurs, blanches, légèrement crème, mais avec leur parfum enivrant. Maman en préparait une  « limonade maison » dont j’ai malheureusement oublié les détails de la recette.
Je ne me souviens que de quelques brides :
de l’eau, un citron coupé en rondelles, une figue, quelques cuillers de sucre, et des fleurs de sureau.
Le tout dans une bombonne en verre que l’on exposait au soleil.
Le mélange commençait à fermenter rapidement.
Nous, c’est la figue que  guettions. Au fur et à mesure de la fermentation,  la densité du liquide la faisait nager d’abord entre deux eaux comme un hippocampe, avant d’aller rejoindre la surface.
C’était le signe. La limonade est prête.
Alors, il ne restait plus qu’à filtrer et à mettre en bouteilles : vous savez, ces bouteilles de bière à l’ancienne avec une fermeture mécanique. Nous étions fiers de boire notre limonade.
La «  tradition » prit fin le jour où une bouteille explosa, tellement que la limonade avait de pression.

Mais le sureau nous suivait tout au long des mois.

Grand-mère n’avait pas son pareil pour préparer des fleurs de sureau qu’elle trempait dans une pâte à crêpes. Elle les faisait frire dans quelques cuillers d’huile.
Un peu de sucre semoule, de la cannelle parfois : c’était le bonheur.

Puis, arrivait l’été et les fleurs de sureau se transformaient en baies de rouge violet. Nous nous amusions à écrire avec cette encre écologique.

Les baies de sureau se vengeaient en nous récompensant d’une bonne diarrhée quand nous les goûtions, imprudents, car pour être comestibles, les baies de sureau doivent être cuites.

Vive la confiture ! Vive la gelée pour nos tartines !

Il n’y a guère que grand père qui nous regardait l’œil méchant.
Car grand-père, nous faisait concurrence. Il cueillait les baies de sureau qui s’en allaient fermenter dans un grand tonneau avant d’être distillées en alcool blanc.

D’ailleurs, grand-père cueillait également les branches du sureau.
Elles contiennent un cœur en forme de moelle douce dont il se servait pour nettoyer en douceur, le cadran des horloges qu’il réparait

Un proverbe alsacien dit :

« La pomme ne tombe jamais loin du tronc de pommier »

Dans le langage populaire, cette phrase exprime avec une certaine sagesse,  le fait que les enfants s’engagent souvent sur la même route que leurs parents. Surtout dans le temps, où il n’y avait ni télévision, ni radio et que les périples des  petits explorateurs s’arrêtaient souvent aux limites de leur village.

Je suis donc resté, par la force des choses, adepte du sureau, mais j’ai apporté ma touche personnelle sans pour autant renier l’héritage des anciens.

Chaque année, je vais cueillir des fleurs de sureau qui viennent parfumer mes bouteilles de vinaigre. Cliquez ICI.

Elles confèrent au vinaigre un parfum particulier qui enchante mes salades et mes crudités.

 

Je fabrique aussi du sirop de sureau.
1 litre d’eau + 1 kg de sucre.
Vous faites bouillir et vous ajoutez des fleurs de sureau. J’utilise ce sirop de sureau pour préparer mon Kir alsacien.

 

Comme grand-mère, je continue à préparer des fleurs de sureau en beignets, mais comme je n’aime pas trop manger les tiges des fleurs, j’ai fait évoluer la recette.
Dorénavant, je prépare des crêpes à la fleur de sureau.

Recette des crêtes à la fleur de sureau.

Pâte à crêpes : 8 personnes :

– 250 g de farine type 45
– 4 œufs
– ½ l de lait
– 50 g de sucre (ou d’édulcorant)
– zeste de citron
– 1 pincée de sel.
– un peu de vanille (liquide ou gousse).
– 50 g de beurre.

 

– mélangez farine et œufs.
– diluez avec le lait.
– ajoutez les autres éléments.

Si vous faites des grumeaux, donnez un coup de mixeur et passez au chinois.
– laissez reposer.
– ajoutez le beurre couleur noisette.

 

– égrapper les fleurs de sureau à l’aide d’une fourchette.

 

Cuisson :

– versez une petite louche de pâte dans une poêle anti adhésive
– ajoutez les fleurs.
– laissez cuire.
– retournez.
– faites cuire l’autre côté.

 

On sert généralement 3 crêpes par personnes … vous verrez bien si vos crêpes sont appréciées

Vous pouvez aussi les faire flamber, ajoutez un peu de sirop de sureau..

 

Ad libitum !

 

Commentaires du chef :

 

Notre monde actuel est caractérisé par une évolution de plus en plus rapide.
Chaque découverte, chaque invention ouvre de nouvelles voies. Et je vois l’image de longs couloirs avec des portes qui s’ouvrent elles aussi, sur de nouveaux couloirs avec des portes qui….
Vertige de l’infini !
Dire que plus de la moitié de nos enfants vont exercer des métiers qui ne sont pas même encore inventés !

 

Une des conséquences logiques et inéluctables de cette évolution est la naissance d’un sentiment d’insécurité, un mal être souvent inexplicable. C’est un peu comme si dans la tempête, on cherchait des points d’ancrage solides.
Ils existent ces points là : ce sont les  traditions.
Nous sommes tous nés, il y a quelques milliards d’années et nous ne sommes « in fine » rien d’autres que les fruits de cette évolution.

 

Si vous voulons survivre, il nous faut, en même temps, transmettre sans oublier d’apporter aussi notre pierre à l édifice dont
la construction doit être présidée par la sagesse,
un édifice soutenu par la force,
un édifice orné par la beauté.

 

« Nur das Schöne kann die Welt noch retten »


Seul le sentiment de l’esthétique peut encore sauver l’humanité
Konrad Lorenz

 

PS : nous étudierons les autres aspects botaniques, symboliques, culturels du sureau
dans un autre article.

Films de recettes beignets et crêpes à la fleur de sureau

cliquez ICI

et cliquez LA.

Illustrations photographiques Mamy et papy Jipé

 

Beignets à la fleur de sureau comme les faisait grand-mère.

 

 

Crêpe à la fleur de sureau façon papy

 

 

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