Un feu rouge, la nuit.

Les feux rouges …

Jean n’y était pas allé par quatre chemins.
« Je vais faire un stage. Je dois prendre le train ce soir, à minuit pourrais-tu me conduire à la gare ?»

Comment refuser ! Jean était membre d’une association dont j’avais l’honneur d’être président. Etre président, c’est être là pour tout le monde : ceux qui ont eu des mots avec leur femme, ceux qui ont besoin d’un chauffeur aussi.

Va donc pour la gare…

Je déposai donc mon ami devant la gare à l’heure convenue et je pris la route du retour.

La ville était endormie, paisible, silencieuse.
De la gare jusqu’à ma maison, il y a un peu moins de dix kilomètres, mais il y a également 8 feux, et comme j’ai de la chance, ils étaient tous au rouge.

Un feu rouge en pleine nuit, surtout que ces feux rouges-là étaient des feux à l’ancienne, sans radar. Ils étaient programmés pour durer un certain temps. Vous voyez le tableau : arrêté par un feu obstiné. On voit qu’il n’y a pas la moindre circulation. On pourrait passer. Mais voilà, le feu est rouge.

J’ai passé plus de temps bloqué par les feux qu’à faire la route.

Arrivé, je n’avais qu’une hâte : ranger ma voiture et me coucher.
Mais voilà, en passant devant mon bureau, je sentis comme un appel et je me suis retrouvé devant une feuille blanche et mes doigts se mirent à dessiner des mots :

Des feux rouges, la nuit,
Des feux rouges pour qui ?

Le vert, passe encore
Le vert c’est permis.

L’orange est indécis,
Je veux bien dit-il,
Mais à tes risques et périls.

Le rouge c’est franchement ridicule :
Un feu rouge la nuit,
Un feu rouge pour qui,
Pour les rêves qui passeront quand même ?

Et notre vie est ainsi protégée,
Par des feux rouges qui défendent
Et qui protègent.

Feuw

Papy Jipé

Ce fut mon premier poème. Depuis, cela n’arrête pas et, quand un jour, ma petite voix intérieure reste silencieuse, j’ai l’impression d’avoir perdu ma journée.

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