SOUPE DE POIREAU COMME AUTREFOIS

Qui oserait prétendre marcher sur la neige sans laisser l’empreinte de ses pas ?


Et bien, il en est de même avec l’histoire, notre histoire, celle qui nous conduit de notre jeunesse, à l’âge adulte et au-delà si possible.

Notre histoire, je veux dire tout ce qui la constitue, laisse des traces.
La gastronomie, notre façon de nous alimenter, les recettes de nos parents sont autant de repères dont on ne prend  réellement conscience qu’avec l’âge qui passe.

Faut-il avoir les cheveux blancs pour que le cœur prenne enfin la parole ?

Je vous laisse le soin de répondre.
Moi, je l’ai fait.

Aujourd’hui, je viens vous parler d’une soupe, une soupe que l’on pourrait croire tout ce qu’il y a de plus ordinaire.
Nous n’étions pas riches et le soir, maman  calait nos estomacs en nous servant une bonne soupe.
Entretemps, et vous le savez, je suis devenu professeur de cuisine.
Ceci me donne le privilège ou l’obligation de parler en termes précis.
On parle peu de soupes, mais on parle de crèmes, de veloutés, de consommés … tout des trucs à manger avec le petit doigt plus ou moins en l’air.

Moi, je suis resté simple (enfin, j’essaie et ce n’est pas toujours facile),
je rêve des soupes de ma jeunesse.
 

Je vais vous confier un secret :

A l’époque, on jugeait la qualité d’une soupe à sa consistance.
Pour être bonne, il fallait que la cuiller tienne debout dans le potage !
Ca c’était de la vraie soupe.

Voilà : la soupe dont je vais vous livrer la recette date de cette époque-là, c’est-à-dire d’il y a 70 ans et + si affinité.
C’est la soupe de mon enfance et qui sait, en la mangeant, ne suis-je pas en train d’essayer de retrouver cette jeunesse ?

SOUPE DE POIREAU COMME AUTREFOIS.

Pour 4 personnes :

– poireau :
Plus il y en a, mieux que c’est, mais sans exagérer.
Prenez surtout le blanc avec un peu de vert clair, mais gardez le vert pour un Saint Germain .

– 75 g de beurre.
– 4 ou 5 biscottes ( dans le temps on utilisait le pain dur)
-1 l de lait + éventuellement de l’eau 0.5 l ou plus
– sel
– 100 g de crème.

PROGRESSION

– nettoyez le poireau
– émincez le poireau finement.

dans une marmite :

– faire fondre le beurre
– suez doucement le poireau (SANS LA MOINDRE COLORATION)
– ajoutez un peu de gros sel pour faciliter la sortie de l’eau de végétation

– mouillez avec le lait et l’eau
– émiettez les biscottes en petits morceaux ( pas en poussière)
– ajoutez les dans le potage
– laissez cuire

– ajoutez la crème
– rectifiez l’assaisonnement

 

SURTOUT NE PAS MIXER !

COMMENTAIRES DU CHEF :

Les biscottes, tout comme le pain dur, se gorgent de liquide et donnent la consistance à votre soupe.
Il est facile d’adapter la consistance à votre goût, en ajoutant du lait ou de l’eau.

 

Cette soupe possède certes un caractère rustique, mais le poireau est quand même beaucoup plus fin que les oignons.
Cela explique peut-être que tout bon potage commence de préférence par du poireau sué. Blanc ou vert, selon la couleur de votre potage.

Le seul risque est que le blanc de poireau ne prenne une couleur, car ce faisant, il prend également un goût que l’on ne peut combattre avec rien.
Vaut mieux jeter et recommencer.

A l'heure actuelle, on constate un retour vers les recettes anciennes.
Les publicitaires en jouent largement.
Ce potage était un potage pour gens simples.
On rapportait le poireau du jardin.
On allait chercher le lait à la ferme.
La crème remontait à la surface . Il suffisait de la récupérer.
De plus, on utilisait le pain dur.
On faisait cuire le potage sur la cuisinière au charbon qui chauffait en même temps la pièce.
Tout pour plaire.

Nostalgie quand tu nous tiens !

Illustrations © Papy Jipé et Mamy Christiane

 


Suez le poireau blanc + un peu de vert
MAIS PAS DE COLORATION
 

Les biscottes feront la consistance,mais autrefois on utilisait le pain dur.



Juste la bonne taille ni trop petit, ni trop grand


Pour mouiller, on utilise du lait plus de l'eau


On rajoute les biscottes qui vont se faire un plaisir de gonfler.


​Maintenant on sert dans de petites soupières pour faire chic