JEAN-CLAUDE DU BLANC NEZ

Ce texte a été écrit par Jean-Paul Brobeck, à l’occasion du départ en retraite de Jean-Claude du Blanc Nez.

Jean-Claude était un type sympathique.
Excellant pilote de modèles réduits, il ne se contentait pas de se faire plaisir en volant.
Jean-Claude était également un pédagogue attentif et bienveillant.
Il ne s’imposait pas. Il regardait en silence, et quand le pilote débutant faisait preuve de modestie et venait l’interroger, Jean-Claude  avait grand plaisir à lui expliquer et lui transmettre son savoir.

Il nous a annoncé son départ en retraite, un jour, où l’absence de vent nous avait cloués au sol.
C’était au lieu dénommé « chasseurs » sur la colline qui donne vue sur Sangate.
De l’avis unanime : on ne pouvait ne pas fêter le départ en retraite de notre maître à tous.

Alors, nous avons décidé d’ouvrir une quête.
Les gens donnèrent de bon cœur.
Mais que faire avec la somme ?
Maxime et son ami belge se proposèrent de construire une Alpina de 4 mètres d’envergure, en remplacement de celui que Jean-Claude avait planté malencontreusement.
Ces deux  n’étaient non seulement de bons pilotes, mais des constructeurs talentueux.
Ils mirent tout le cœur à l’ouvrage et le résultat fut merveilleux.

Mais, on ne pouvait s’arrêter en si bon chemin.
Jean-Claude fut donc invité par ses amis belges, au restaurant du Blanc Nez.
Nous allons fêter ton départ en comité restreint.

Le fameux jour, ils entrèrent dans la salle du restaurant.
C’était une pièce pas trop grande fermée par un grand rideau.

Brusquement, le rideau s’ouvrit sur un tonnerre d’applaudissements, car derrière le rideau, il y avait une grande pièce où s’étaient cachés tous les amis de Jean-Claude. Nous étions pas loin de  cinquante personnes.

Il y eut des applaudissements.
Il y eut quelques larmes aussi.
Des embrassades, des mercis, des cœurs en joie et des sourires sur les visages.
Il y eut surtout un grand paquet de souvenirs qui furent fixés sur la pellicule.
Un moment hors du temps.
Un moment qui marque pour longtemps.
Un instant qui prend valeur d’éternité.
Des souvenirs qui au fond du cœur sont gravés.

C’est en faisant un peu de ménage dans mon ordinateur que j’ai retrouvé

le texte du discours  que j’ai prononcé à cette occasion-là

 

Il  y a un peu plus de vingt ans, un copain m’a emmené
Voir les « fadas » qui volent sur les pentes du Blanc-Nez.
Ce jour-là, j’aurais mieux fait de me casser un bras,
J’ai attrapé un virus qui ne me quitte pas.

 

Chaque site possède ses célébrités.

On m’a dit  « Si tu veux Le rencontrer,
C’est dans la foule qu’il te faudra dénicher
L’homme qui porte sous son nez,

Une gitane maïs, plus ou moins allumée. »

 

C’est ainsi que j’ai rencontré

Le Prince, le Roi, le fils que le dieu Éole lui-même sur Terre avait délégué.

 

Il joue avec les nuages,
Il tutoie chaque mouette au passage.
Et, quand au sol, pauvres mortels nous sommes cloués,
Il est bien sûr le seul à pouvoir voler.

 

Possède-t-il des dons magiques ?
Ou bien est-il un génie simple et pragmatique ?
Toujours est-il, que devant vous tous je peux jurer,
Qu’en vingt ans,
Une seule fois, je l’ai vu se crasher lamentablement,
Mais, il est vrai on ne peut être toujours présent.

 

J’ai connu sa période Super Riéti.
Vinrent d’autres modèles plus grands ou plus petits,
Mais soyez-en sûrs, une larme il versera,
Dès que vous évoquerez son bon vieil Alpina.

Je ne sais si ce planeur connut une fin tragique ;
Mais dans ses mains, il était vraiment magique.
Je l’ai vu faire des « radadas, »
Au point de venir vous caresser les bras.

 

Non content de s’envoyer en l’air publiquement,
Jean-Claude a formé des générations de pilotes avec grand talent.

Je ne l’ai jamais entendu rouspéter
Non, son truc à lui, c’était de vous encourager.

 

Alors, des quatre coins de l’Europe, ils sont venus
Lui confier leur dernier né, le cœur battant, les nerfs tendus,
Poussant un grand « ouf » de soulagement,
Quand le modèle s’en allait batifoler dans le vent.

 

Jean-Claude, notre ami, notre copain,
Tu as fait avec ton cœur, avec tes mains,
L’unité européenne, mieux que bien des politiciens.

 

Tu parles certes le français,
Mais tu t’exprimes aussi à merveille en anglais,
Et tu m’as laissé l’honneur de temps en temps,
D’être ton traducteur, quand le gars parlait allemand.

 

Tu es célèbre, et au-delà des frontières, connu,
Pour te voir, d’Outre-Rhin, de Belgique, des Pays-Bas  ils sont venus.
Je peux te confier qu’un jour, j’ai entendu
En Allemagne :

« Ach! Jean-Claude, c’est un Monsieur qui mérite d’être connu ».

 

 

 

 

De ta vie, je n’ai pas connu le printemps.

Je t’ai rencontré à l’époque de ton été flamboyant.

A tes côtés, je n’ai pas vu filer le temps,
Je n’ai même pas remarqué tes premiers cheveux presque blancs.

 

Nous voici en automne, saison où Dame Nature tient ses promesses,
Et c’est avec une immense joie et beaucoup de tendresse
Que nous sommes réunis ici, le cœur sur la main
Pour te souhaiter un très long été indien.

 

Profite au maximum de la liberté retrouvée.
Exploite chaque « pompe » pour t’élever,
Pour atteindre des sommets dont nous osons à peine rêver,
Et continuer à faire fleurir que les pentes du Blanc-Nez,
Toutes les fleurs d’amitié que tu as semées.

 

On conclut ce genre de discours généralement,
Avec une phrase banale du genre :
« Après 40 ans de bons et loyaux services »
Accepte que nous procédions autrement.
Ce n’est pas « après 40 ans de bons et loyaux services » qu’il faut dire,
Non, ce n’est pas en arrière qu’il faut regarder
Car, et tu le sais bien, en toi nous voulons continuer à espérer.

 

 

Et chaque fois que tu passeras devant la statue, là-bas, au pied du Blanc-Nez,
Pense que pour nous autres, c’est un peu toi que l’on a immortalisé.

 

PS :

Depuis que je suis retourné dans mon Alsace natale, j’ai perdu le contact avec les pilotes qui volaient sur les pentes du Blanc nez des années 1980 à 2000.
Si l’un de vous tombe sur cet article, qu’il me fasse signe SVPL

mailto
D'avance merci


Quelques amis réunis autour de Jean-Claude qui porte fièrement on Alpina de 4 m

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2 réflexions sur « JEAN-CLAUDE DU BLANC NEZ »

  1. Bonjour Jean-Paul?

    C'est tout à fait cela : " Jean-Claude ne s'imposait pas et il avait le plaisir de transmettre son savoir".

    Des moments de bonheur pour moi que je n'oublie pas. Le paradis sur terre !

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