BARBUCINE ET BARBE DE CAPUCIN 

Je ne suis pas féru d’histoire et comme la plupart des français ( du moins à ce que l’on dit), j’ignore la géographie et réciter la liste des dates et des événements qui s’y rattachent, ne sont vraiment pas ma tasse de thé.

Pourtant, j’aime bien savoir d’où viennent les produits que j’utilise.
J’aime bien savoir où et comment et par qui, ils ont été inventés ou découverts.
Alors, je suis bien obligé de faire confiance aux historiens.

Mais, qu’ils me pardonnent, quelque part, au fond de moi, je me pose souvent la question de savoir quelle est la part du hasard et quelle est la part de la démarche de recherche dans une découverte.

Prenons un exemple : le pissenlit.

Au printemps, les gens de ma région ont plaisir à chercher du pissenlit.
Il y a ceux qui saisissent un couteau et un panier et qui s’en vont, le nez par terre, à la recherche des jeunes pissenlits tendres, dans les prés.
C’est une première méthode.

Il en existe une autre, un peu plus confidentielle.
Je vais vous l’expliquer.

En automne, les agriculteurs qui travaillent « à l’ancienne» retournent leurs champs en grosses mottes. Ils comptent sur le froid, pour venir faire éclater ces mottes et les transformer en terre plus fine, facile à travailler.
Au printemps, ils n’ont plus qu’à passer la herse pour ratisser avant de semer.
Retourner la terre une nouvelle fois, serait perdre l’humidité précieuse qu’elle a accumulée.

Et bien, pour en revenir à nos chercheurs de pissenlit, il existe des gens qui se promènent le long des champs labourés grossièrement. De temps en temps, ils se baissent pour creuser et mettre à jour, une racine de pissenlit qui s’est mise à produire du feuillage.
Abrité de la lumière, ce feuillage est blanc ou jaune et tendre à souhait.

Alors pour en revenir à mon interrogation

Le blanchissage, on dit aussi l’étiolement, est-il du au hasard ?
Ou alors, un esprit malin aurait-il extrapolé un phénomène naturel  pour en faire une technique ?

 

Et par delà, cette technique rudimentaire, n’a-t-elle pas été poussée encore plus loin pour donner naissance à la technique du forçage « à chaud » ?

Voilà une question pour les historiens.

Anecdote :

Quand je suis « monté» m’installer dans le ch’Nord, je me suis tout d’abord arrêté dans la région lilloise.
Au Sud de Lille, du côté d’Orchies, j’ai vu des drôles de petites cheminées en fer blanc qui fumaient en plein champ.
Renseignements pris, j’ai appris que j’étais dans le pays de l’endive, du chicon, comme ils disent là-bas.
On avait cultivé des chicorées de la variété Witloof .
En automne, on regroupait les racines de ces chicorées en ayant pris soin de couper les feuilles sans blesser le collet.
Mises en terre, ces racines continuaient leur croissance, rapidement ou lentement selon la température.( d'où les petites cheminées).
Les racines produisaient des feuilles qui formaient une sorte de quenouille blanche avec quelques traces jaunes : le chicon.

 
A l’époque, la production des endives était saisonnière.
Une fois les racines épuisées, la saison des endives prenait fin.

Puis les choses évoluèrent.
On découvrit qu’il était possible de maintenir au froid les racines pendant de nombreux mois.
Pour les « réveiller », il suffisait de les mettre les unes à côté des autres dans des bacs, et de leur donner ce qu’elles attendaient avec impatience, de l’eau  et de la chaleur, le tout, non  pas dans le noir absolu, mais dans un local éclairé par une lampe de couleur verte.

Voir le reportage que j’ai fait à Warhem en Flandre maritime.
Cliquez ICI

 

Les choses évoluèrent très vite, car on se rendit compte que bon nombre de salades de la famille des chicorées, du pissenlit et autres salades radicchio originaires d’Italie se laissent « forcer » de la même manière.

DANS LE JARDIN FAMILIAL :

Le jardinier amateur peut très bien maîtriser cette technique de forçage.
On peut mettre les salades dans des bacs avec un peu de terre légère.
Il faut les arroser, mais sans excès.
Il faut les mettre dans le noir.
Si vous ne possédez pas de pièce noire, mettez un sac poubelle noir sur votre bac pour créer un noir artificiel.
Il est également possible de travailler dans des barils de lessive avec couvercle, que l’on peut mettre au côté d’un radiateur.

Si vous prenez  soin de ne pas blesser le collet quand on récolte, il est possible de récolter plusieurs fois de suite aussi longtemps que la racine contient des éléments nutritifs.

Cette technique me permet de manger de la salade jusqu’à mi-février alors que dehors règne le froid.

BARBUCINE : une nouvelle venue

D’après les indications publicitaires, la salade dite "Barbe de Capucin" remonterait à 1630.
Possible, je n’en sais rien.
Actuellement, on trouve sur les marchés de la « barbucine » qui n’est autre qu’une variante de barbe de capucin avec des feuilles un peu plus larges et des tiges plus longues. Les tiges sont comestibles, à condition de les couper en rondelles, pas trop épaisses.

La barbucine me paraît un peu fragile.
Elle présente vite des traces brunes dues aux chocs qu’elle subit.
Conservez-là au réfrigérateur, juste quelques jours.

En gros, la barbucine rappelle de très près le barbe de capucin en plus épais.
Toutes ces salades sont les bienvenues en hiver pour leurs apports de produits frais.
On les utilise donc essentiellement en salade.
Ceci n’empêche pas de les cuire avec une pointe de vinaigre balsamique noir par exemple et d’en garnir des tartelettes…

SALADES QUE JE  « FORCE » REGULIEREMENT :

– la chicorée Witloof  qui donne des endives.
– la chicorée rouge de Vérone.
– la chicorée Trévise.
– le pissenlit qui donne le barbe de capucin.
– le radicchio di Castelfranco très esthétique

en essai 

– la chicorée Pala Rossa
– les endives à bord rouge.

Du travail oui !
Mais aussi du plaisir.

COMMENTAIRES DU CHEF :

Le "do it your self". le faites le vous mêmes, a le vent en poupe.
On constate que les gens sont de plus en plus motivés, non seulement de manger des produits sains, mais également de les produire, quand ils le peuvent.
Récemment la télévision a montré les jardins potagers installée sur les toits de certains grands restaurants parisiens.

Cela a surtout le don de m'amuser et de me rappeler que  la grande majorité des français vont au super marchés pour acheter leurs fruits et légumes.
Et l'on costate qu'ils chosissent les plus beaux, les plus réguliers ce qui montre bien qu'ils n'ont pas compris grand chose ou alors qu'il ne sont que de simples victimes de shèmes de pensées que la publicité leur à mis dans la tête.
Moi, quand je suis devant un pommier, je trouve tout à fait normal qu'il porte des pommes de tailles différentes et même qu'il y a des pommes qui contiennent des vers.
Que voulez-vous, les vers ne sont pas fous. Quand ils sentent que la pomme est bourrée de produits chimiques, ils vont voir ailleurs.
Produire dans son jardin est une bonne chose.
Cela occupe sainement les gens à condition toutefois quils ne veulent pas se lancer dans la concurrence avec ceux dont le métier est de produire en quantité des légumes clonés les uns aussi beaux que les autres, des légumes souvent sans goût, mais qui vous le rendent bien.
Vous avez des produits chiques pour votre argent.

Produire soi-même c'est se rapprocher de la terre de la Nature qui compte des petits et des grands, des maigres et des gros, des souriants et des pleurnichards.
Allez demander à Monsieur Gauss qui en a fait tout une cloche !.

Le bon sens près de chez vous. 
Non ?

Illustrations photographiques © Papy Jipé et Mamy Chritiane.


Barbe de capucin dans ma cave.


J'ai semé du pissenlit et j'ai récolté les racines.



Je les ai mises dans des caisses dans le noir.
On peut obtenir jusqu'à 3 récoltes si on ne blesse pas le collet et à condition de ne pas les noyer en arrosant de trop

 


La barbucine : nouvelle venue


Il faut la manger rapidement


Un peu fragile à mon goût.


Bonne en salade mais on peut aussi la cuire.


Les tiges sont longues et heureusement comestibles à codition de les couper en rondelles fines.


The combine !
Quand on ne dispose pas d'une pièce noire, alors on créé du noir artificiel
Fallait juste y penser


Différentes salades que je force.


Il y en a pour tous les goûts et toutes les couleurs.

Trévise et rouge de Véronne tout y passe.