ANECDOTE DE L’HOMME REVENU DE L’AU DELA

On le croyait mort.
Alors, comme il faisait chaud, on l’avait mis dans la chambre froide, comme le font les bouchers avec un simple morceau de bidoche.

C’était le week-end, et en fin de semaine, on n’enterre pas.
C’est pourquoi le « frigo » des pompes funèbres  est bien utile en été.

Il fallait donc se résoudre à attendre lundi et encore,  car un enterrement ne s’improvise pas.
Il faut faire creuser la tombe.
Il faut faire paraître les annonces dans les journaux.
Il faut également ne pas oublier de commander les fleurs.
Et puis, il y a toute l’organisation, le corbillard, les porteurs, le curé etc…

A bien prendre les choses, il semble presque plus facile de naître que de mourir.

Il était presque onze heures, quand le cadavre  bougea.
« Il fait sacrément froid dans cet hôtel, je vais me plaindre à la direction. »

L’employé de service connu le choc de sa vie.
Un cadavre qui parle !

Mais l’homme en avait vu bien d’autres, au courant de ses quarante ans au service des pompes funèbres.
Alors, la première peur passée, il apporta une couverture au mort ressuscité.

«  Excusez-nous Monsieur, mais la chaudière est tombée en panne.
Les dépanneurs sont au travail. Le chauffage va bientôt être rétabli. »

L’employé s’enhardissant, décida d’engager la conversation.

« – Dites-moi, Monsieur, il me semble que vous rentrez d’un long voyage.
– M’en parlez pas, le voyage a été tellement  éprouvant, que je ne m’en souviens que par quelques brides.
– Si Monsieur voulait bien me raconter.
– Vous allez rire, mais j’ai fait un voyage dans les cieux ; j’ai vu des anges comme je vous vois et puis, il y a surtout le grand patron qui m’a impressionné avec sa longue barbe blanche.
– Ah ! Vous avez rencontré Dieu ?
– Comme je vous vois, je vous l’assure cela fait un choc, croyez-moi sur parole. »

L’affaire de l’homme qui avait rencontré Dieu fit le tour des rédactions, d’autant plus que l’employé, flairant le bon coup, avait distillé l’information contre pièces sonnantes et trébuchantes.

Mais, quand les journalistes prirent d’assaut le magasin des pompes funèbres, le mort-vivant avait disparu.

C’est ainsi, qu’enlevé par la police secrète, il se trouva devant le président de l’URSS.

« Dites-moi, cher Monsieur,  Dieu existe-t-il réellement ? Vous voyez, nous autres communistes, nous avons beau affirmer qu’il n’existe pas, rendez-vous compte combien nous serions ridicules si Dieu existait quand même ! »

L’homme n’eut pas même le temps de répondre, qu’il  se trouva transporté comme par enchantement, au Vatican devant sa sainteté le Pape.

«  Mon ami, j’ai le grand bonheur de vous rencontrer. Vous voyez, nous autres Chrétiens, nous affirmons que Dieu existe, mais jamais personne n’est revenu de l’au delà pour nous en apporter la preuve formelle.
Imaginez un instant, que Dieu n’existe pas.
A quoi servirait toute notre organisation les curés, les évêques, les cardinaux, le Sacré Collège jusqu’à moi même ? Si Dieu n’existe pas, nous serions tous au chômage »

L’homme n’eut pas même le temps de répondre que l’enchantement reprit et le voici devant le président des États Unis.

« He my boy ! J’ai entendu parler de vous. J’étais impatient de vous parler.
Il paraît que vous avez rencontré Dieu.
C’est un véritable scoop. Vous vous rendez compte je l’espère que de détenir une pareille nouvelle va sans nul doute faire basculer les élections en ma faveur.

Alors oui ou non, Dieu existe-t-il ?

Alors l’homme fit signe au président des États Unis de tendre l’oreille et dans un souffle il murmura
Oui, Monsieur le Président Dieu existe, mais…
– Vite dites moi, mais quoi

– Dieu existe, mais il est noir. »

Je dois à la vérité de vous dire que je n’ai pas inventé cette histoire. Je l’ai entendue quelque part je ne sais plus où.
Mais cette anecdote m’a interpellé.

Alors, prenant la substance d’un autre, je l’ai fait mienne… avec mes mots, ma façon de voir les choses et de les raconter.

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