ANECDOTE DE LA BUCHE DE NOEL

C’était dans un lycée professionnel du Nord de la France.
On y enseignait la cuisine et la pâtisserie.

Le lycée comptait, si je me souviens bien,  six professeurs de cuisine et quatre professeurs de pâtisserie.

Nous étions à quelques jours de Noël et nos «pianos» (c’est ainsi que l’on appelle les cuisinières), tournaient à plein régime. Surtout n’allaient pas prendre cette dernière réflexion au pied de la lettre, car de régime, il ne pouvait  être question.

Les lycées de ce type « tournent » pour deux raisons.
La première est bien simple.
Pour apprendre le métier de serveurs, il faut que les élèves puissent s’entraîner ; c’est pourquoi, les lycées possèdent un restaurant d’application.
Mais ce restaurant ne peut absorber à lui seul tout ce que produisent les cuisiniers et les pâtissiers, alors les lycées mettent en vente les excédents.

Je vous l’ai dit, nous étions à quelques jours de Noël et la fête était dans toutes les conversations.
Chacun racontait ses projets de repas. On se « refilait» quelques petits trucs du moins  lés collègues sympathiques.
Si si, cela existe.
Les autres….

C’est justement de l’un de ces «autres» dont il est question dans notre anecdote.

Le prof en question prenait souvent ses collègues de haut.
Un matin, il  alla voir les pâtissiers.

– je suis invité pour le soir de Noël chez des amis, j’aimerais bien que vous me fabriquiez une belle bûche de Noël
– oui, on voit le genre. Nous on fait le travail, et toi, tu vas faire le malin en prétendant que c’est toi qui as fait la bûche.
– oh, les gars, soyez sympa. Je sais que je ne «  touche » pas aussi bien que vous en pâtisserie. Ne me laissez pas tomber.
– bon, on va voir ce que nous pouvons faire…

Et c’est là, que les choses se mirent en place.

Les «pâteux» c’est le surnom que l’on donne aux pâtissiers, décidèrent de lui jouer un tour.
Un tour à leur façon. Vous n’allez pas être déçus.

Ils prirent donc une véritable bûche de bois qu’ils recouvrirent d’une bonne couche de crème au beurre. Ils travaillèrent avec application, je vous l’assure, un grand sourire aux lèvres.
Ils firent même les petits détails : des champignons en meringue, de la fausse mousse en pâte d’amande.

Une belle bûche !
Un peu lourde, certes…. et pour cause ( vous êtes dans la confidence)
Mais une belle bûche quand même.

Mais, comme ils n’avaient pas le fonds méchant, ils en firent une seconde.

Une seconde bûche.
Une belle bûche.
Mais alors d’une légèreté !
Je ne vous dis pas.

Mais l’anecdote n’est pas terminée.
Patientez !
Nous arrivons au raffinement suprême.

Un pâtissier fut chargé par ses collègues de mettre le prof de cuisine «au parfum»
Cela se fit tout simplement par dénonciation dûment agrée :

– Je viens te prévenir en douce, que les collègue t’ont joué un tour. Ils ont garni une bûche de bois véritable avec de la crème. C’est pour que l’on se moque de toi.

Le jour où tu viendras  chercher ta bûche, gare ta voiture et laisse le coffre ouvert.
Je profiterai d’un instant d’inattention pour te mettre une vraie bûche dans le coffre Comme cela tu ne passeras pas pour un c…

– merci, t’es vraiment sympa.

Et le soir de Noël arriva.
Arriva aussi le moment du dessert.
On posa la bûche au milieu de la table, sous les applaudissements.
– c’est toi qui as fait cette belle bûche ?
– oui, pour nous autres prof ce n’est rien. Cela fait partie de nos connaissances.

Quand on chercha le couteau, les choses se gâtèrent et l’on démasqua la supercherie.

– ce sont les « pâteux » qui m’ont joué un tour. Heureusement, il y en  un qui est sympa.
Il m’a mis une vraie bûche dans mon coffre.
Je vais la chercher.

Et il s’exécuta.

A vrai dire, la seconde bûche était quand même un peu moins belle que la première
– c’est le travail d’un élève. On ne pouvait pas faire autrement.
S’ils savaient les « pâteux » auraient été déçus.

Alors, dans un grand silence, on apporta le couteau pour découper la bûche.
Alors, sous les yeux ébahis des convives, le couteau entra dans la crème au beurre et la bûche explosa.
BOUM !

Les « pâteux » avaient garnis de crème au beurre
un ballon de baudruche.

Vrai de vrai

J’ose espérer que vous comptez beaucoup de vrais amis
Méfiez vous des bûches…
On ne sait jamais

 

 

 

 

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