LE RAIFORT: un bienfaiteur tombé dans l’oubli. Article 1

Il suffit de taper le mot « raifort » dans votre moteur de recherche favori, pour trouver de nombreux renseignements sur les multiples pages qui lui sont consacrées.
On ne fait pas œuvre originale en recopiant les autres, c’est pourquoi, je vais essayer de vous présenter le raifort à ma façon.

Rai       –  fort.
Racineforte.

 

Une analogie qui saute aux yeux.
Les yeux, justement !
Attention : ils vont devenir douloureux si vous vous mettez à râper le raifort, car il est costaud ce légume.

En allemand, on ne parle pas de raifort, mais de  Meerrettich.
Amusons à comprendre :

 

Meer     –    Rettich
La mer  –     radis.

 

Radis : oui, à cause de la forme de la racine.
Mais la mer ?
Et bien, en creusant un peu la question, on apprend que les marins (du moins ceux qui savaient) emportaient des racines de raifort à bord des bateaux parce qu’ils avaient constaté, par expérience, qu’en mangeant du raifort, ils tombaient moins malades.
Simples constatations sans explication scientifique.

En réalité, les choses ne se sont pas passées d’une façon aussi simple.


Les marins des pays de L’Est comme la Pologne, avaient déjà pour habitude de manger du raifort vu que le raifort pousse à l’état sauvage dans leurs pays. En polonais le raifort s'appelle "cran"
Le raifort faisait donc partie, non seulement de leur alimentation, mais aussi de leur pharmacopée, car on utilisait de longue date le raifort pour soigner les refroidissements, les rhumatismes des articulations. (C’est un révulsif utilisé en cataplasme… comme la moutarde.)

Plus tard, beaucoup plus tard,  quand Kazimierz Funk (1884-1967) découvrit les vitamines, on se rendit compte que le raifort contient beaucoup de vitamines C.

Or, c’est le manque de vitamine C, causé par le manque de légumes et de fruits frais, qui favorise la terrible malade du scorbut dont sont victimes les marins au long court (ancienne appellation de la marine marchande) On avait donc l'explication du pourquoi de l'attitude des marins qui consommaient du raifort.

Et du côté des Anglais ?
 

Rai     –  fort
Horse –  radish

On retrouve radish qui correspond à l’allemand Rettich.
Et les chevaux ?

Peut-être que les chevaux en mangent.
Je n’en sais rien, je l’avoue.
Ou alors, c’est parce que les Anglais sont turfistes.
Explication de coiffeur – autrement dit : tirée par les cheveux !
On peut bien rire non ?

 

Mais, on ne rigole pas avec le raifort, car c’est une plante sacrément utile.

Point de vue botanique :

 

Le raifort est une plante de la famille des crucifères (pétales au nombre de 4, disposés en croix).
La partie visible de la plante est constituée de feuilles de presque 50 cm de haut, avec des tiges solides qui viennent s‘attacher à la racine au niveau du collet.
Le raifort, c’est comme les icebergs : la partie intéressante est cachée.

 

A l’état sauvage, le raifort pousse le long des chemins, surtout dans les endroits humides.
Il est bien enraciné par de multiples racines qui le fixent solidement.
Qui dit de nombreuses racines, dit également des racines pas bien grosses.
On peut manger du raifort sauvage, mais il faut beaucoup de travail pour nettoyer les racines. C’est pourquoi, on a décidé de cultiver le raifort.

 

Traditionnellement, autour de chaque ferme, autour de chaque exploitation agricole, on trouvait du raifort. L’ennui est justement la taille des racines.
Pour planter du raifort, on prélève un morceau de racine avec un début de pousse (un œil) et on l’enfonce dans le sol. On dirait que le raifort « se venge », car il ne trouve rien de mieux que de produire une racine qui descend à plus de 50 cm dans la terre.
Il faut s’armer de courage, d’une bonne bêche et de patience pour en récolter un morceau. Surtout ne vous bercez pas d’illusions, car vous n’arriverez pas à sortir toute la racine, si bien que le raifort devient envahissant un peu à la manière des muguets.

On a longtemps planté le raifort de cette manière, jusqu’au jour où on eut l’idée de le planter à 45 degrés d’inclinaison. Cette technique facilite les récoltes et permet la mécanisation.


Il me reste des souvenirs d’enfance qui font remonter en moi l’odeur du pot-au-feu dominical toujours accompagné de raifort. Grand-père avait planté du raifort dans son jardin. Il en rapportait pour le pot au feu du dimanche.
Grand-mère avait une façon particulière de le préparer, car elle ne supportait pas sa puissance.

 

– elle épluchait le raifort la fenêtre grand ouverte.
– elle le mettait dans un récipient avec de l’eau fraîche.
– pendant ce temps, elle faisait tremper de la mie de pain dans du lait.
– elle râpait le raifort.
– elle le mettait dans un récipient avec une louche de pot-au-feu bouillant.

– puis, elle l’égouttait dans une passoire.
– pour finir, elle mélangeait le raifort et la mie de pain et ajoutant un peu de crème.

 

Plus tard, quand je suis passé professeur de cuisine, j’ai bien sûr utilisé le raifort, mais ce sera pour plus tard, dans d’autres articles.

Illustrations photographiques © Papy Jipé

Au fond du jardin, dans un endroit plutôt humide.

Des feuilles de 50 cm. Mais la partie intéressante est sous la terre.

 

Le sommet de la racine avec les "yeux" qui vont de se developper.

 

Chaque "œil" donnera une nouvelle racine. Dans la nouvelle méthode de culture, on plante des petites racines à 45°.


 

Une peau beige
 


 

 Et une chaire blanche.

 


La préparartion façon grand -mère . Ici la mie de pain trempée dans du lait.

 

Le raifort est râpé puis ébouillanté.
On le mélange avec la mie de pain et un peu de crème pour lui couper sa puissance.

 

Ou on l'achète tout prêt.

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